Les solutions agronomiques à la pollution
azotée
Une meilleure gestion du cycle de l'azote
Une approche systémique et
spatialisée
En conclusion
Résumé
Références bibliographiques
Ce texte s'inscrit dans le cadre d'une recherche plus globale de
l'équipe INRA/R&A de Grenoble : Agriculture, environnement et
pollution des eaux. Une perspective économique réalisée
pour le compte et avec l'aide du Comité " Environnement,
société et développement à long terme " du Programme
Environnement du CNRS (nov. 1992-nov. 1994). Cette recherche a donné
lieu à la rédaction d'un rapport de synthèse et de cinq
documents - y compris celui-ci - dont on trouvera la liste détaillée
en tête des références.
Face à la pollution des eaux par les nitrates d'origine agricole,
trois types de solutions sont envisagés : la solution palliative de
la dilution, du changement de captage ou de son approfondissement, la solution
curative du traitement des eaux et la solution préventive qui mise
sur une évolution des systèmes de production agricole. Bien
que les actions palliatives soient actuellement les plus répandues,
elles ne sont guère appelées à se développer
du fait de l'accroissement du nombre de captages contaminés. Par contre,
on pourrait recourir de plus en plus au traitement des nitrates de l'eau
potable car, compte tenu des procédés dont on dispose aujourd'hui,
cette solution se révèle simple et efficace (document 2
des références bibliographiques). Pourtant, à plus
long terme, la prévention s'avère incontournable.
Mais pour l'heure, les solutions agricoles sont loin d'être simples
: elles nécessitent la coordination de l'ensemble des acteurs d'un
même bassin versant (agriculteurs, organisations professionnelles,
acteurs institutionnels, organismes techniques...) et la capacité
de tous à modifier des comportements dans un domaine où les
routines sont fortes ; d'autant plus que, dans un contexte de baisse des
prix, la perspective d'adopter de nouvelles pratiques culturales n'est pas
très attractive, la perte de revenu paraissant inévitable.
En outre, la prévention ne peut prétendre à des
résultats immédiats : d'une part, les nitrates migrent lentement
vers les nappes souterraines (selon les sources, la vitesse est estimée
entre 1 m (Levesque, 1982) et 1,8 m (Kengni, 1993) par an et, même
si leurs émissions étaient stoppées, la qualité
de l'eau ne s'en trouverait pas améliorée, compte tenu des
quantités de nitrates stockées dans les sols ; d'autre part,
la pollution nitrique diffuse est un processus complexe qui varie fortement
d'un lieu à un autre et dans lequel les scientifiques n'ont pas encore
élucidé tous les phénomènes.
En effet, les agronomes mettent en évidence que le transfert des nitrates
dans les sols résulte d'un grand nombre de facteurs interdépendants
: facteurs climatologiques (importance des précipitations, leur
répartition dans le temps, températures, évapotranspiration),
facteurs agrologiques (propriétés physico-chimiques,
hydrodynamiques et microbiologiques des sols), facteurs agronomiques (type
de culture, travaux culturaux, niveau de fertilisation, couverture
végétale, profondeur d'enracinement).
Du fait de la complexité du phénomène, de
l'impossibilité de maîtriser certains facteurs et du délai
de réponse de certaines nappes, les agronomes raisonnent en
général en termes de risques de pollution nitrique. Ces risques
sont hiérarchisés en fonction du niveau de
vulnérabilité du milieu et de l'appréciation des pratiques
culturales qui lui sont associées.
Ainsi, Sebillotte et Meynard (1990) proposent d'évaluer le milieu
en fonction de deux critères : d'une part, les risques de lixiviation
de l'azote au-delà des racines les plus profondes durant le cycle
cultural, risques qui dépendent du bilan hydrique et de la profondeur
de sol accessible par les racines et, d'autre part, la variabilité
inter-annuelle des potentialités agricoles, sachant que plus celle-ci
est grande, plus il est difficile de prévoir correctement les besoins
en azote. Et ils soulignent que certains systèmes de culture accroissent
ces risques. Ainsi, l'ensemble des agronomes attire l'attention sur le
maïs, et ceci pour deux raisons majeures :
- le maïs laisse le sol nu pendant l'hiver qui précède
son semis, alors que le drainage et l'entraînement en profondeur des
nitrates, bien que dépendants des conditions climatiques et du type
de sol (1), restent largement
déterminés par la présence ou non d'une couverture
végétale durant la période hivernale ;
- une surfertilisation azotée ne pénalise pas son rendement
(contrairement au blé, par exemple) et, de ce fait, il est souvent
considéré comme une culture " poubelle " capable de recevoir
des doses d'azote bien au-delà du nécessaire et ainsi de
résorber les excédents d'effluents d'élevage.
Toutefois, certains auteurs ne se bornent pas à repérer les
utilisations excessives de fertilisants et à élaborer une
échelle de risques pour les différentes cultures ; ils travaillent
sur une hypothèse beaucoup plus systématique. Ainsi Mary (1992)
considère qu'une partie de la pollution nitrique constatée
aujourd'hui pourrait résulter d'une plus forte intensité de
la minéralisation des sols qu'autrefois, même si le taux de
matière organique a diminué. En effet, quand on apporte de
l'azote, une partie (20 à 30 %) est prélevée par la
microflore du sol et se trouve convertie en humus (Chaney, 1990) ; or cet
azote récemment organisé est plus facilement minéralisable
que l'humus ancien. L'augmentation des intrants azotés conduirait
donc à augmenter le volume des restitutions organiques du sol dont
la vitesse de renouvellement est rapide ; ceci provoquerait un accroissement
de la capacité de minéralisation des sols (Shen et al.,
1989). Cet accroissement de minéralisation serait donc la
conséquence indirecte et à long terme de l'intensification
agricole. Cette hypothèse est confirmée par des travaux anglais
(Addiscott et al., 1991) et met en évidence que seul un retour à
des niveaux de production beaucoup plus faibles pourrait permettre de diminuer
notablement la minéralisation dans les sols d'agriculture intensive
et donc de réduire les risques de fuites de nitrates.
Les problématiques agronomiques passées en revue ci-dessus
révèlent deux manières d'aborder le problème
de la pollution nitrique :
- la première consiste à raisonner à univers technique
constant et à faire des recommandations dans le cadre d'une agriculture
très productive. Ces recommandations, applicables à court terme,
visent simplement à améliorer la manière de conduire
les cultures, en gérant mieux les intrants azotés et l'interculture
;
- la deuxième opte pour la remise en cause du modèle technique
actuel et s'inscrit dans une démarche systémique et
spatialisée dans une perspective d'agriculture durable
(2). Les solutions avancées, à la fois
plus radicales et plus prospectives, commencent seulement à voir le
jour ; elles visent la révision des systèmes de culture dans
le sens d'une extensification et d'un aménagement adapté de
l'espace.
[R] Une meilleure gestion du cycle de l'azote
Les différentes recommandations qui sont faites dans ce cadre : ajustement et fractionnement des apports d'azote, meilleure valorisation des résidus de récolte, implantation de cultures intermédiaires pièges à nitrates, sont en fait complémentaires les unes des autres. En effet, dans la majeure partie des cas et notamment en monoculture de maïs sur sols filtrants, si l'on veut effectivement réduire les risques de pollution, ce n'est pas une de ces recommandations qui doit être mise en oeuvre, mais bien l'ensemble de celles-ci.
Raisonner le niveau de fertilisation azotée
La recommandation la plus évidente consiste à ajuster au mieux
la dose d'engrais azoté en s'appuyant sur la méthode du bilan
prévisionnel (3). Cette méthode,
testée depuis près de 25 ans en France (Hébert, 1969
; Rémy, 1981) consiste à calculer la quantité d'engrais
à apporter en comparant les besoins de la culture aux fournitures.
Ainsi,
X = (b.Y+Rf)-(Rh+Mh+Mr+Ma), avec :
X = quantité d'engrais azoté nécessaire
b = azote absorbé par unité de rendement
Y = rendement objectif de la culture
Rf = reliquat d'azote minéral à la fin de la campagne
Rh = reliquat d'azote minéral à la fin de l'hiver
Mh = minéralisation nette de l'humus du sol
Mr = minéralisation nette des résidus de récolte du
précédent cultural
Ma = minéralisation nette des amendements organiques.
Les principaux problèmes rencontrés lors de la mise en oeuvre
de cette méthode sont dus à la difficulté d'estimer
le rendement objectif et les fournitures du sol.
En effet, il s'avère très difficile pour les agriculteurs de
se donner un objectif de rendement pertinent. L'enquête de Cerf et
Meynard (1988), réalisée pour le compte du COMIFER, met en
évidence que les objectifs de rendement des agriculteurs sont souvent
plus élevés que les meilleurs rendements atteints les années
antérieures et qu'ils sont rarement remis en cause au vu de
l'évolution de la végétation en cours de cycle. Fabre
et al. (1993) proposent donc de substituer au rendement maximum recherché
par les agriculteurs le rendement le plus fréquent dans la région
ou mieux sur la parcelle ; plus précisément, ils retiennent
le rendement accessible deux années sur cinq.
Prévoir la disponibilité en azote minéral du sol au
cours du temps (qui est fonction du précédent cultural, de
la gestion des résidus de récolte...) nécessiterait
des mesures fines, réalisées sur des pas de temps courts pour
quantifier les phénomènes de minéralisation, d'organisation
et de transfert de l'azote. Dans un contexte de mesures limitées,
Machet (1991) propose de privilégier les profils d'azote minéral
en sortie d'hiver parce qu'ils constituent des éléments
déterminants pour l'ajustement de la fertilisation azotée.
Et dans la mesure où le reliquat de fin d'hiver constitue le premier
facteur explicatif du rendement d'une céréale pour une parcelle
témoin sans azote, les résultats obtenus sur les parcelles
zéro azote s'avèrent de bons indicateurs de l'azote fourni
par le sol.
Ceci a ouvert la voie à une écriture simplifiée de la
méthode du bilan qui s'appuie sur les résultats de ces parcelles.
Des essais conduits en Alsace-Lorraine en culture de maïs (Desvignes
et al., 1994) ont permis de proposer l'écriture
suivante :
X = (b.Y-Ns)/CAU, où
X = quantité d'engrais azoté nécessaire
b = azote absorbé par unité de rendement
Y = rendement objectif de la culture
Ns = azote fourni par le sol et absorbé par une culture non
fertilisée
CAU = coefficient apparent d'utilisation de l'engrais
Malgré tout, un certain nombre de difficultés demeurent : la
fixation de l'objectif de rendement reste problématique ; le coefficient
b, longtemps considéré comme fixe (2,3 kg d'azote par quintal
de maïs) s'avère variable, d'autant plus faible que le potentiel
de rendement serait élevé ; le coefficient CAU, le plus souvent
inférieur à 1 du fait que la culture n'utilise jamais la
totalité de l'azote apporté au sol, varie fortement, sans qu'il
soit toujours possible d'expliquer pourquoi.
Bien que sa mise en oeuvre soit délicate, la méthode du bilan
prévisionnel constitue un outil indispensable d'aide à la
décision, surtout en culture de maïs où les possibilités
de réduction de la fertilisation azotée paraissent importantes.
Cependant, cette méthode comporte encore des limites : Carlotti (1992)
souligne sa faible précision dans certains milieux (sols hydromorphes)
et lorsque les apports organiques sont importants ; Muller (1991) considère
qu'il faudrait pouvoir l'étendre à une période plus
longue que le seul cycle végétatif de la culture, car ce n'est
pas seulement la fertilisation azotée de la culture en place qui
détermine les pertes d'azote, mais le système cultural avec
des périodes d'interculture plus ou moins longues.
Mais il faut bien noter que dans la majeure partie des cas, l'ajustement
de la fertilisation azotée ne suffit pas pour réduire la pollution.
Dans le cas des sols filtrants, la quantité d'azote minéral
présente à une date donnée ne permet pas de prédire
ce qui sera utilisable ultérieurement par la culture, il n'y a donc
guère d'autres moyens que de fractionner les apports. En outre, dans
la mesure où certains termes de la méthode du bilan (rendement,
minéralisation d'azote endogène...) sont en relation avec les
facteurs climatiques qui ne sont pas maîtrisables, il existe toujours
un risque d'avoir des reliquats d'azote après culture (Chapot, 1987).
Ces reliquats augmentent, notamment quand le rendement obtenu est inférieur
à l'objectif fixé, et il faut alors envisager l'implantation
d'une culture intermédiaire pièges à nitrates pour corriger
cet aléa.
Fractionner les apports d'azote
Selon Carlotti (1992), le rythme d'absorption de l'azote par le maïs
présente trois phases d'intensité différente : faible
jusqu'au stade 10 feuilles (moins de 10% du total absorbé), très
forte du stade 10 feuilles à la floraison (60 à 70% du total
absorbé), modéré pendant le remplissage du grain (20
à 30% du total). Ce constat ouvre la voie à deux solutions
: retarder le plus possible la nitrification
(4) en utilisant des engrais ammoniacaux ou uréiques
et des inhibiteurs ; fractionner le plus possible les apports d'engrais.
Les techniques pour retarder la nitrification présentent des limites.
La nitrification résulte d'abord et avant tout d'actions microbiennes
qui sont soumises aux conditions de température, d'humectation et
d'aération du sol sur lesquelles les engrais, quelle que soit leur
forme, n'ont aucun pouvoir. Les inhibiteurs qui, eux, freinent l'activité
des bactéries nitreuses, ont, pour l'heure, une action trop brève
(Machet et al., 1990). En outre, ils sont dans l'impossibilité de
maîtriser totalement la nitrification ; son synchronisme avec les besoins
de la plante reste tributaire des conditions du milieu, elle demeure donc
aléatoire. De plus, il est difficile d'éviter une libération
brutale de l'azote, au lieu d'une nitrification progressive (Thiollet,
1990).
Le fractionnement paraît donc incontournable. Cependant selon Carlotti
(1992), en maïs et sur sols profonds, il n'est pas indispensable du
fait de la quasi-absence de pertes d'azote. Par contre, dans les sols
superficiels, en cas de fortes pluies ou d'irrigation mal maîtrisée,
le fractionnement constitue un bon moyen de limiter la lixiviation des nitrates.
Sur sols filtrants, il paraît particulièrement nécessaire
en culture irriguée où l'apport de la totalité de l'azote
au semis présente un risque de perte par lessivage.
Toutefois, le fractionnement en plus de deux apports, tel qu'on pourrait
le réaliser avec l'irrigation fertilisante, ne semble pas présenter
un intérêt évident en culture de maïs. Castillon
(1990) relate une douzaine d'essais réalisés en France de 1986
à 1989 par l'Association générale des producteurs de
maïs (AGPM), l'INRA et l'Institut technique des céréales
et fourrages (ITCF), qui montrent que la quantité de nitrates
présents dans le sol après la récolte du maïs
était plus élevée dans le cas d'apports fortement
fractionnés. L'AGPM (1990) constate cependant que ces essais ont tous
été réalisés avec des doses d'azote raisonnées
et confortables et que, peut-être, le fractionnement en trois ou quatre
fois permettrait de tirer meilleur parti de doses très réduites
d'engrais.
A partir d'essais en cases lysimétriques, Decau et Pujol (1992) mettent
en évidence qu'une répartition des applications d'azote sur
maïs (1/3 de la fumure selon la technique agricole classique, 1/3 lors
de l'apparition de la panicule mâle, 1/3 au stade de la fécondation
par fertirrigation) permet une réduction des pertes hivernales de
nitrates pendant l'interculture. Toutefois, cette répartition des
apports entraîne des conséquences négatives au niveau
de la production et les lixiviations ne sont pas annulées lorsque
l'apport d'azote est très élevé.
Plutôt qu'un fractionnement systématique des doses définies
a priori et en théorie, on peut envisager de faire des apports en
fonction de l'assimilation de l'azote par la plante telle qu'elle peut être
constatée. En blé, la méthode Jubil qui mesure la teneur
en nitrates des tiges, permet de juger de cette
assimilation (5). Cette méthode
a été testée en maïs par Desvignes et Plenet (1994)
: elle s'avère l'outil le plus pertinent pour diagnostiquer une
déficience azotée (6) ;
mais elle reste difficilement exploitable sur maïs, car, selon les essais
réalisés dans le Sud-Ouest, elle ne fournit une réponse
qu'à partir du stade 15-18 feuilles, période où il devient
malaisé d'intervenir dans la parcelle.
Dans l'état actuel de la recherche, l'ITCF et l'AGPM préconisent
un premier apport de 50 kg au semis et le complément au stade 8-10
feuilles, avant que les besoins en azote ne deviennent très importants.
En culture sèche, le deuxième apport doit être
obligatoirement enfoui dans l'interligne, du fait du risque de mauvaise
utilisation de l'azote s'il ne pleut pas ensuite.
Pourtant, le fractionnement et l'ajustement des apports d'azote s'avèrent
insuffisants pour annuler le risque de pollution nitrique. Dans la majeure
partie des cas, notamment lorsque la proportion de cultures de printemps
dans l'assolement est importante et dans le cas de sols filtrants ou
superficiels, il est nécessaire de maîtriser l'azote durant
l'interculture (Machet et Mary, 1990). En effet, Mary (1992) insiste sur
le fait que la minéralisation d'automne est un processus naturel,
inévitable qui n'est que peu influencé par la fertilisation
de la culture précédente ; il est quantitativement
important (7) et est donc suffisant à
lui seul pour engendrer une pollution nitrique.
Gérer l'interculture
Gérer l'interculture consiste, d'abord et avant tout, à mieux
valoriser les résidus de récolte (pailles, cannes...).
Il s'agit, au cours du processus de décomposition de ces résidus,
de valoriser le potentiel de blocage de l'azote minéral sous forme
organique par les micro-organismes du sol. Dans le cas du maïs, le
Comité d'orientation pour la réduction de la pollution des
eaux par les nitrates, les phosphates et les produits phytosanitaires provenant
d'activité agricoles - le CORPEN - recommande donc de bannir le
brûlage des cannes, de limiter leur exportation et donc de procéder
à leur enfouissement (CORPEN, 1991).
Les travaux de Recous et al. (1993) montrent que la vitesse de
décomposition des résidus et la dynamique de l'azote qui lui
est associée sont extrêmement variables selon les
caractéristiques du sol, la température, la teneur en eau,
le contact sol-résidu, les techniques culturales (date et mode
d'incorporation)... Cette décomposition doit, au même titre
que la fertilisation azotée, se piloter si l'on veut en tirer des
effets positifs quant à la gestion de l'azote dans le système
de culture. Ainsi, il faut améliorer les itinéraires techniques
actuels, notamment pour rechercher une décomposition maximale avant
l'hiver, pour bloquer le maximum de nitrates en surface avant leur migration
en profondeur, lors de la reprise des phénomènes de
transfert.
Les résidus de récolte pourraient donc jouer un rôle
de piège à nitrates, tout comme les cultures intermédiaires
du même nom.
Les cultures intermédiaires pièges à
nitrates (8) constituent un moyen
efficace pour empêcher le lessivage des nitrates restant dans le sol
après la récolte : elles satisfont leurs besoins d'azote à
partir de l'azote minéral du sol et consomment de l'eau ce qui
réduit le drainage (eau) et donc le lessivage (Chapot, 1990). Decau
et Pujol (1992) montrent qu'une culture intermédiaire (blé
d'hiver, colza d'hiver, ray-grass d'Italie) après maïs annule
toute lixiviation polluante due aux nitrates et que son implantation peut
ne pas affecter la production de maïs, et même avoir un effet
favorable. Ainsi, Lubet et Juste (1987) mettent en évidence qu'en
monoculture de maïs (dans les sols légers du Sud-Ouest Atlantique)
l'enfouissement répété d'un ray-grass d'Italie en culture
intermédiaire d'hiver exerce une action bénéfique sur
le rendement, probablement du fait d'une amélioration du statut organique
du sol (stabilité structurale et capacité de rétention
en eau). De plus, le semis direct du maïs dans un mulch de ray-grass
limiterait considérablement les phénomènes d'érosion
éolienne (Duchêne et Chapot, 1988).
Mais, l'effet bénéfique des cultures intermédiaires
sur les fuites de nitrates dépend beaucoup des conditions de leur
conduite : choix des espèces, modalités d'implantation,
d'enfouissement... Ainsi, Chapot (1987) compare la capacité des
espèces à prélever l'azote : dans des essais où
la disponibilité en azote est de 85 kg/ha, il ne constate pas de
différence entre colza, moutarde et radis ; à 150 kg/ha, le
colza s'avère apte à prélever davantage que le radis
et la moutarde. Les légumineuses (pois, vesce...) sont en
général déconseillées parce qu'elles présentent
des risques de pertes en nitrates très élevées (Machet
et Mary, 1990). Mais une publication récente (Muller et al.,
1993) met en évidence les capacités de la luzerne : grâce
à son enracinement profond, elle prélève l'essentiel
de l'azote minéral présent dans le sol et, contrairement à
ce qui est admis, son retournement n'entraînerait pas une libération
intempestive d'azote minéral, mais une libération progressive
sur plusieurs années.
La conduite des cultures intermédiaires est primordiale aussi parce
qu'elle peut avoir un effet nuisible pour la culture suivante du fait d'une
concurrence sur l'eau (épuisement du stock hydrique) ou sur l'azote
(un enfouissement tardif peut provoquer une forte réorganisation de
l'azote minéral et ainsi nuire à la nutrition azotée
de la culture suivante). D'après Muller et al. (1987), en dehors de
situations exceptionnelles, on n'a pas intérêt à rechercher
le maximum de production de matière sèche, mais plutôt
à adapter ce niveau de production à un objectif d'azote
minéral à mobiliser et à un objectif de consommation
d'eau (300 à 400 litres par kg de matière sèche
produite).
Chapot (1989) en vient à faire quatre recommandations pour implanter
un engrais vert :
- en l'absence d'une analyse des reliquats d'azote après récolte
et d'accidents physiologiques, un engrais vert est nécessaire lorsque,
en maïs ou blé, le rendement obtenu est inférieur de 8-10
quintaux par hectare à l'objectif de rendement retenu lors du calcul
de la dose d'azote à apporter (ce qui correspond approximativement
à 20-30 kg d'azote, auxquels il faut ajouter la minéralisation
de l'humus après récolte) ;
- les crucifères, et plus particulièrement la moutarde qui
est l'espèce la moins chère, sont conseillées. Le semis
de ray-grass sous maïs donne de bons résultats dans le Sud-Ouest
de la France ; cette technique est en cours d'expérimentation en Allemagne
et en Alsace (chambre d'Agriculture) ;
- la date du semis (sachant que le semis direct sur déchaumage est
à privilégier) doit être fixée en fonction de
la pluviométrie de la région considérée. Des
essais à l'INRA Colmar montrent qu'un semis fin août permet
facilement d'obtenir à la fin octobre une production de 3,5 à
4 tonnes de matière sèche à l'hectare correspondant
à un prélèvement de 50 à 60 kg d'azote ;
- la date d'enfouissement doit être bien raisonnée. En effet,
un labour précoce est favorable à l'implantation de la culture
suivante, au remplissage hydrique, mais selon les températures hivernales,
il peut entraîner des risques de lessivage du fait du début
de minéralisation de l'engrais vert. En Alsace, un enfouissement vers
le 10 décembre semble un bon compromis : le gel peut émietter
le labour et, d'après les premiers essais, la moutarde enfouie à
cette date libère peu d'azote au cours de l'hiver.
Mais il ne faut pas oublier que l'enfouissement des résidus et
l'implantation d'une culture intermédiaire ne sont que des moyens
de différer, dans le temps, la présence d'azote minéral
dans le sol ; et il faut donc se préoccuper de la gestion ultérieure
de cet azote ainsi stocké. Mary (1992) montre que la culture suivante
n'en utilise qu'une faible proportion, car, au cours de la décomposition,
une grande partie de l'azote des résidus ou de la culture
intermédiaire se trouve assimilée par la microflore du sol.
Cette partie se minéralisera au cours des années suivantes
et cet azote devra être déduit des apports de fertilisants.
Mais à partir de là, Mary attire l'attention sur le fait que
la pratique systématique de cultures intermédiaires risque
d'accroître à terme la minéralisation et la vitesse de
renouvellement dans le cycle interne de l'azote ; elle pourrait donc constituer
un élément de plus d'intensification.
En somme, ces différentes recommandations pour mieux gérer
l'azote ne permettraient de limiter la pollution nitrique que ponctuellement,
et ne résoudraient pas le problème dans le moyen et long terme.
Des solutions plus systématiques devraient donc être
envisagées dans une perspective d'agriculture durable.
[R] Une approche systémique et spatialisée
Au sein de la recherche agronomique, une approche systémique se formalise
peu à peu à partir du bilan qui peut être établi
sur les conduites de cultures pratiquées au cours des trente ou quarante
dernières années. Cette approche est systématisée
dans les recherches et expérimentations autour de la notion de
production intégrée. Celle-ci repose sur la valorisation
des potentialités locales des agro-écosystèmes et donc
sur un réaménagement de l'occupation de l'espace ; elle vise
à concilier des exigences d'ordre économique et d'ordre
écologique, et donc à promouvoir des systèmes de production
agricole qui soient rentables économiquement et reproductibles,
c'est-à-dire moins polluants et plus respectueux des
écosystèmes.
Cette démarche, qui a pu paraître utopique lorsque l'agriculture
intensive était à son apogée, est aujourd'hui rendue
crédible par les nouvelles règles de la Politique agricole
commune (baisse des prix agricoles, découplage des aides et des
quantités produites, gel des terres) et par les différentes
mesures qui visent à encourager des initiatives environnementales
(mesures agri-environnementales, par exemple). Bien qu'elle paraisse pouvoir
constituer une alternative aux systèmes agricoles productivistes,
peu de recherches lui sont consacrées, aussi cette démarche
est-elle insuffisamment élaborée et trop timide.
Remise en cause des systèmes de culture
L'approche systémique part du constat fait par les agronomes selon
lequel on ne gère pas mieux un système de culture en lui appliquant
successivement une série de techniques, aussi sophistiquées
soient-elles. Elle invite à prendre en compte la complexité
des systèmes de culture et les nombreuses interactions qui les
structurent. Dans le cadre de cette problématique, les recommandations
énoncées plus haut pour réduire la pollution nitrique
et qui s'attaquent directement à la gestion de l'azote, se
révèlent insuffisantes car, à regarder de plus près,
d'autres aspects du système de culture contribueraient à cette
pollution. Ainsi, de fortes doses de triazine (simazine, atrazine) pourraient
accélérer le lessivage en freinant l'activité des
micro-organismes dans l'organisation et la minéralisation de l'azote.
Selon Moreau (1992), ceci constituerait un réel problème en
culture de maïs, car celui-ci, plus que d'autres cultures, tolère
de fortes doses de produits phytosanitaires.
Certains modes de travail du sol tendraient à accroître la
minéralisation et limiteraient l'exploration racinaire qui constitue
une condition déterminante de la nutrition azotée. Les travaux
expérimentaux de Germon et Taureau (1991) suggèrent une interaction
positive entre la réduction du volume de sol travaillé et les
risques de fuites de nitrates. En effet, la réduction du volume
travaillé interférerait sur les transformations de l'azote
dans le sol : forte réorganisation en surface, dénitrification
des engrais plus importante, réduction de la vitesse de
minéralisation. Pourtant, la recherche de Darwis et al. (1993)
met en évidence qu'il n'existe pas de liaison significative du type
de travail du sol effectué à la récolte avec le niveau
de minéralisation à l'automne, ni avec le lessivage
potentiel.
Dans ce débat ouvert sur l'utilité de la simplification du
travail du sol pour réduire les fuites de nitrates, plusieurs mises
en garde sont effectuées : Sebillotte et Meynard (1990) recommandent
d'être attentifs aux conditions de travail d'une culture simplifiée
(humidité du sol, notamment) et à leurs effets sur l'état
structural du sol ; Fabre et al. (1993) notent que la répétition
des techniques simplifiées sur une même parcelle modifie la
flore adventice avec un développement des espèces vivaces,
et, qu'en conséquence, les herbicides utilisés devront être
adaptés et le dosage sans doute accru ; Moreau (1992) souligne que
le travail minimum des sols pourrait favoriser le développement de
la pyrale du maïs.
Un autre débat concerne le rôle de l'irrigation dans le processus
de pollution azotée. Au-delà des problèmes de conduite
de l'irrigation par les agriculteurs (souvent réalisée en fonction
des risques pour la culture et non pas en fonction de ses besoins), il s'agit
de savoir si celle-ci participe ou non de ce processus. En régularisant
la production, elle permet a priori de réduire les risques de pollution
par rapport à la culture non-irriguée. Mais, en fait, elle
encourage les cultures de printemps qui laissent le sol nu l'hiver, ce qui
constitue un facteur de risque de lessivage. En outre, selon Sebillotte et
Meynard (1990), en permettant une augmentation des potentialités,
notamment par un accroissement de la densité de semis de maïs,
elle a pour effet indirect d'accroître les quantités de
matière organique du sol. Pour Carlotti (1992), elle conduit à
une minéralisation de l'azote plus importante, du fait de l'alternance
humectation-dessication.
A partir de telles interrogations, peu à peu s'est forgée
l'idée selon laquelle plutôt qu'aménager les systèmes
de culture point par point, il vaudrait mieux les remettre en cause dans
leur ensemble.
Changement de perspective
Les systèmes de culture actuels s'avèrent très
cohérents, les techniques mises en oeuvre sont toutes liées
entre elles par une solide logique agronomique. Cette cohérence repose
sur une stratégie de réduction des risques d'aléas de
production grâce à l'emploi d'intrants (engrais, phytosanitaires),
stratégie qui vise un même objectif : le rendement maximum.
En fait, les systèmes de culture ont été
sélectionnés et orientés selon le seul critère
du rendement puisque, dans la phase de croissance de l'agriculture, ce
critère pouvait se confondre avec celui de la rentabilité
économique ; en effet, compte tenu du soutien des prix des produits
agricoles et la garantie de débouchés que cela représente,
les résultats économiques étaient alors proportionnels
aux quantités produites.
Aujourd'hui, la donne économique est partiellement modifiée
: les débouchés sont saturés, les prix baissent et devront
rejoindre peu à peu le niveau de ceux du marché mondial, les
aides accordées sont découplées des quantités
produites. Dans ce nouveau contexte, la marge à l'hectare constitue
un bien meilleur critère de rentabilité que le rendement. En
outre, la recherche d'une agriculture moins polluante pour les eaux
superficielles et souterraines nécessite d'ajouter un nouveau
critère d'évaluation des systèmes de culture : le risque
de fuites de nitrates. Alors que l'agriculture n'a jamais contrôlé
ses sorties, l'introduction de tout critère environnemental constituerait
une réelle nouveauté et c'est bien sur ce point que se focalisent
actuellement les oppositions de la profession agricole (cf. document 1).
C'est dans cette double perspective que s'inscrit le principe de Meynard
et Girardin (1991) : " produire autrement ". La révision de l'ensemble
de l'itinéraire technique s'appuie sur l'hypothèse qu'il est
possible sur le plan économique d'accepter des objectifs de rendement
inférieurs aux potentialités agricoles si cela s'accompagne
d'une réduction substantielle des niveaux des différents intrants.
Afin que cette économie d'intrants ne se traduise pas par une grande
variabilité du résultat économique, d'autres méthodes
de limitation des risques phytosanitaires ou de stress nutritionnel doivent
être mises en oeuvre, notamment en valorisant mieux les interactions
entre techniques culturales, milieu et peuplement végétal.
Cette proposition rejoint celle de l'Office of Technology Assessment (1990)
du Congrès américain qui, après avoir examiné
les différentes solutions pour réduire la pollution des eaux
par les nitrates et les pesticides, préconise de développer
les recherches qui visent une meilleure valorisation de la dynamique des
écosystèmes, des interactions entre leurs différents
éléments (notamment eau, sol, plante, fertilisants et pesticides).
Des pistes de recherche
Malheureusement, peu de recherches sont effectuées dans ce sens :
Girardin (1992) note qu'en 1990, moins de 5% des agronomes de l'INRA
travaillaient sur les systèmes de culture. Il explique ce "
quasi-désengagement " par deux niveaux de difficultés qui se
renforcent mutuellement : la difficulté personnelle des chercheurs
à échapper à des stratégies de minimisation des
risques intellectuels, financiers et de marginalisation ; la difficulté
culturelle à concevoir des méthodes de recherche de synthèse
et donc à organiser des programmes pluridisciplinaires sur le long
terme.
Parmi les rares recherches qui relèvent de cette orientation, on peut
en distinguer deux catégories : celles menées à
l'échelle du système de culture et celles menées à
travers une approche holistique au niveau de l'exploitation.
Au niveau du système de culture, cette problématique
a été lancée en 1970 par des recherches en arboriculture
sur ce qu'il convient d'appeler la lutte intégrée. Face
à l'utilisation massive et systématique des produits
phytosanitaires en verger, des agronomes et des zoologistes suggèrent
de combiner des pesticides choisis en fonction de leur moindre incidence
écologique et du risque réel encouru par la culture, à
des procédés de lutte biologique (emploi d'auxiliaires). Par
la suite, l'association de mesures phytotechniques (conduite des arbres,
nutrition...) conduisit à la notion de protection intégrée
(Altieri et al., 1983).
Peu à peu, cette démarche s'est élargie à d'autres
systèmes de culture, notamment les légumes et les
céréales. Aux Etats-Unis, le ministère de l'Agriculture
(USDA) a lancé en 1990 un programme intitulé Integrated
Crop Management qui vise à aider financièrement les producteurs
expérimentant des pratiques de fertilisation et de lutte
intégrée en cultures de céréales. En France,
les travaux de Meynard (1985) comparent deux itinéraires techniques
de la culture du blé : l'un se situe dans l'optique de l'intensification,
l'autre dans celle d'une extensification raisonnée
(9). Il en résulte que les marges brutes obtenues
à l'hectare dans les deux cas sont relativement proches ; mais au
fur et à mesure que le prix du blé baisse, l'écart se
creuse au profit de l'itinéraire d'extensification. De plus, cet
itinéraire valorise mieux l'azote apporté et donc réduit
les risques de pollution nitrique.
En ce qui concerne le maïs, le changement d'itinéraire technique
semble moins évident : un cycle végétatif plus court
dissuaderait de prendre des risques en début de culture, car les
aléas ne pourraient être corrigés que difficilement par
la suite. Moreau (1992) esquisse quelques principes pour une production
intégrée du maïs (notamment pour la protection contre
la pyrale), mais on est encore loin d'un itinéraire technique
construit.
Peu à peu, ces recherches ont donné naissance à un concept
plus général de production ou agriculture intégrée
(integrated farming systems) qui prend l'ensemble de l'exploitation comme
unité de base. La production intégrée vise à
utiliser les ressources et les mécanismes de régulation naturels
pour réduire au maximum les intrants afin, à la fois, de diminuer
les impacts négatifs sur l'environnement et de maintenir le revenu
agricole (El Titi et al., 1993). Les principes de cette démarche sont
: approche holistique, diversité des situations,
complémentarité des productions, rôle moteur des
agro-écosystèmes...
" Il ne s'agit pas d'une " révolution technique " mais plutôt
d'une réflexion moderne sur les façons de gérer au mieux
les agrosystèmes " (Vereijken, Viaux, 1990). En effet, l'agriculture
intégrée consiste à combiner des techniques classiques,
parmi lesquelles la rotation des cultures joue un rôle
central (10), et des techniques modernes,
entre autres la sélection et la culture de variétés
résistantes qui s'avèrent essentielles. Ces techniques sont
adaptées les unes par rapport aux autres et en fonction du type de
culture, du type de sol et du climat.
En Europe, les premiers résultats des expérimentations
réalisées en grande culture (Vereijken, Viaux, 1990 ; Viaux
et al., 1994) mettent en évidence que, par rapport au système
conventionnel, le système de production intégrée conduit
certes à des rendements plus faibles, mais que l'économie
d'intrants qu'il permet de réaliser, compense suffisamment la diminution
des recettes. En outre, les bilans entre apports et exportations d'azote
y sont plus favorables. Cette comparaison devrait être
systématisée dans le cadre d'un programme de l'Union
européenne (Competitiveness of Agriculture and Management of
Agricultural Resources) qui porte sur un réseau d'essais
effectués dans dix pays européens.
Aux Etats-Unis, des expérimentations du même type sont menées
dans le cadre d'un programme de l'USDA nommé LISA (Low Input
Sustainable Agriculture). Les premiers résultats convergent avec
les conclusions européennes (Madden et O'Connell, 1989) ; mais ils
sont critiqués : les américains mettent en doute la
réalité même de la diminution des intrants. Ils insistent
sur l'accroissement d'une nouvelle catégorie d'inputs, à
savoir l'information, la gestion technique et économique (information
and management inputs) qui viennent se substituer en partie aux intrants
achetés du système conventionnel. Ils mettent ainsi en
évidence toute la difficulté de la production intégrée
qui tient au fait que les techniques mises en oeuvre demandent une plus grande
technicité que celles de l'agriculture intensive, car chaque milieu
est un cas particulier qu'il faut observer avec précision pour le
maîtriser. Parce qu'aujourd'hui, la maîtrise des techniques
utilisées est encore insuffisante, les résultats s'avèrent
d'une grande variabilité d'une année sur l'autre. Avant que
ce type de production ne soit proposée aux agriculteurs, des recherches
complémentaires sont donc nécessaires pour stabiliser les
connaissances.
Mais au-delà de ces considérations techniques, il faut bien
voir que la gestion de l'occupation de l'espace occupe une place essentielle
dans la production intégrée.
La gestion de l'occupation de l'espace
En effet, elle intervient à deux niveaux : la répartition spatiale
des systèmes de culture qui est fonction non seulement des
potentialités du milieu, mais aussi de sa fragilité
écologique ; l'instauration de surfaces de compensation écologique
(haies, biotopes naturels, fossés...) dont le rôle est d'entretenir
la diversité biologique, notamment de maintenir les populations
d'auxiliaires.
A travers cette double préoccupation, on rejoint ainsi les recommandations
issues d'autres recherches qui ne s'inscrivent pas forcément dans
une perspective aussi radicale que l'agriculture intégrée.
En effet, un réaménagement de l'espace agricole et rural pourrait
aussi constituer une solution pour concilier agriculture intensive et eau
non polluée.
Paegelow et al. (1990) montrent que des mesures simples et peu
coûteuses d'aménagement rural (boisement ou enherbement des
berges d'un ruisseau, implantation d'une haie ou d'une prairie) qui valorisent
les capacités d'épuration naturelle du milieu, diminuent
sensiblement la concentration en nitrates des eaux. Or, ces actions peuvent
tirer parti de sites favorables à la réduction de la concentration,
sites souvent très localisés et marginaux pour l'agriculture
intensive.
De même, le classement des milieux selon leur niveau de
vulnérabilité (Sebillotte, Meynard, 1990) invite à
redistribuer les systèmes de culture en fonction des contraintes
liées à l'environnement, mais pas pour autant à bannir
les systèmes intensifs. Ainsi, Gilibert (1992) propose de remettre
en cause l'extension du maïs là où les risques de lessivage
des nitrates sont importants et d'y remplacer le maïs fourrage par des
prairies artificielles ; plus précisément, en s'appuyant sur
les travaux de Muller et al. (1993), il recommande d'y implanter de
la luzerne (11). Mais il redoute qu'il
soit difficile de détrôner le maïs qui repose sur une dynamique
de filière importante et dont la conduite est bien connue des
agriculteurs.
Dans certaines zones jugées à risques, plutôt que de
supprimer purement et simplement les cultures réputées polluantes,
il peut être envisagé d'en réduire la part en admettant
que des fuites nitriques peuvent être tolérées sur une
parcelle si celle-ci en voisine d'autres qui n'émettent pas de nitrates.
De ce point de vue, les jachères imposées par la réforme
de la PAC constituent une opportunité. La redéfinition des
modalités de cette mise en jachère intervenue en 1994 (sol
nu non-autorisé, élargissement du gel fixe) pourrait avoir
des effets bénéfiques sur l'environnement. En effet, alors
que la jachère nue travaillée comporte des risques de lessivage,
la jachère avec couvert végétal (spontané ou
semé) présente un intérêt évident puisqu'une
couverture du sol réduit les risques de pollution des eaux par les
nitrates et les pesticides (Sebillotte et al., 1993). En outre, la
jachère fixe pourrait être mise à profit pour geler des
sites présentant un intérêt environnemental (surfaces
sensibles des bassins versants, bordures de rivière, bas fonds
hydromorphes...). Des simulations de gel de parcelles sensibles dans le bassin
de Bruyéres, effectuées par Mary et al. (1992) attestent
de la possibilité de réduire la concentration moyenne de l'eau
en nitrates.
Cependant, la gestion de l'occupation de l'espace pose un sérieux
problème de coordination entre les différents acteurs d'un
même territoire. En effet, elle ne peut pas être raisonnée
au niveau de la seule exploitation ; elle doit être coordonnée
au niveau de l'ensemble du bassin versant où les centres de décision
sont dispersés. En outre, elle suppose que le conflit entre l'usage
privatif du sol et la volonté collective de sauvegarder la ressource
soit résolu, c'est-à-dire que les acteurs acceptent de se soumettre
à des règles de répartition spatiale des activités.
La loi sur l'eau de 1992 crée une nouvelle structure au niveau des
bassins : la commission locale de l'eau qui, de fait, a pour tâche
d'effectuer cette coordination lors de l'élaboration du schéma
d'aménagement et de gestion des eaux (SAGE). Mais il faudra sans doute
attendre des années pour que cette réforme s'inscrive dans
les têtes et dans les faits.
Toutes les expérimentations relatées ci-dessus permettent de
réduire les teneurs des eaux en nitrates, mais le problème
est de savoir dans quelle mesure elles peuvent stabiliser ces teneurs dans
la durée. Plus précisément, les infléchissements
de l'agriculture intensive qui sont proposés sur la gestion de l'azote
et de l'espace, peuvent-ils préserver la qualité de la ressource
en eau à long terme ? Les travaux de B. Mary et de ses collègues
anglais (Addiscott et al., 1991) mettent en doute une telle perspective,
mais mériteraient d'être approfondis.
Par contre, les propositions autour de la notion de production
intégrée présentent, de ce point de vue, un réel
intérêt : à travers le souci de reproductibilité
des agro-écosystèmes, elles se situent d'emblée dans
un objectif de long terme. En outre, elles cherchent à traiter l'ensemble
des problèmes environnementaux liés à l'agriculture,
plutôt qu'à promouvoir des solutions au cas par cas (pollution
de l'eau par les nitrates, pollution de l'eau par les pesticides, érosion
des sols, réduction de la biodiversité, dégradation
des paysages ...). Mais, les expérimentations sont encore trop peu
nombreuses pour que le changement d'univers technique qu'elles supposent
soit rendu crédible.
En effet, cette deuxième gamme de solutions à la pollution
azotée renvoie à un paradigme technico-économique
différent du productivisme dans lequel s'inscrit la première
série de recommandations. Toutefois, dans les deux cas de figure,
on peut noter un certain nombre de convergences dans les modifications que
les agriculteurs devraient apporter à la conduite actuelle des cultures
:
- la connaissance des potentialités de chaque milieu devient
primordiale. Au minimum, une évaluation précise des rendements
potentiels permettrait à l'agriculteur d'ajuster ses niveaux d'intrants
pour optimiser sa marge brute tout en respectant mieux l'environnement.
D'ailleurs, ceci serait d'autant plus nécessaire en maïs, que
la plupart des interventions se situent en début de végétation
et qu'il existe peu de possibilités de correction en cours de
culture (12). Mais au-delà, cette
évaluation pourrait ouvrir la voie à une remise en cause de
la répartition spatiale actuelle des systèmes de culture, dans
la mesure où elle peut mettre en évidence que, localement,
certaines cultures ne sont implantées qu'en ayant recours à
des techniques qui outrepassent les potentialités du milieu ;
- l'information et la maîtrise technique conditionnent de plus
en plus les résultats technico-économiques. En effet, à
l'avenir, les agriculteurs devraient user de beaucoup de capacité
d'observation, d'analyse et de précision pour adapter localement les
techniques. Dans le cadre de la production intégrée, cette
exigence est évidente ; mais une meilleure gestion du cycle de l'azote
et un aménagement de l'occupation de l'espace vont dans le même
sens. Par exemple, pour raisonner le niveau de fertilisation, il faut ajuster
les recommandations au niveau de chaque parcelle et notamment prendre en
compte la succession culturale ; pour bien conduire une culture piège
à nitrates, il faut optimiser localement sa date d'implantation, la
date de retournement...
En somme, il n'existerait plus de solutions standardisées et la conduite
des systèmes de culture nécessiterait de reconsidérer
les routines acquises dans le passé. Un processus d'apprentissage
technique et organisationnel serait indispensable dans la mesure où
les agriculteurs devraient recourir à un savoir-faire absent dans
le cadre de la conduite productiviste des cultures. De ce point de vue, la
question majeure qui demeure est de savoir si les infléchissements
de cette conduite proposés pour réduire la pollution azotée,
peuvent constituer un premier pas dans le changement de paradigme
technico-économique, le début du processus d'apprentissage
conduisant à une agriculture plus intégrée, voire à
une agriculture durable.
Cependant, ces infléchissements posent problème aux agriculteurs
car, pour l'heure, ils engendrent des coûts supplémentaires.
Certes, le raisonnement de la fertilisation peut, dans la majeure partie
des cas, être à l'origine d'une réduction des coûts
puisque les agriculteurs ont une nette tendance à la
surfertilisation (13). Par contre, les
autres préconisations qu'elles relèvent de la gestion de l'azote
ou de l'aménagement rural, accroissent sensiblement les charges (CORPEN,
1986 ; Fabre et al., 1993 ; document 5)
(14).
Au-delà de ces surcoûts facilement identifiables, la mise en
oeuvre de telles recommandations engendre inévitablement un temps
de travail supplémentaire : recherche de références
locales, ajustement au fonctionnement de l'exploitation, surveillance des
systèmes de culture... Dans une étude exploratoire, Le Monnier
de Gouville et Viaux (1994) montrent effectivement que le temps consacré
par les agriculteurs à la prise de décision et au suivi des
cultures augmente avec leur niveau de maîtrise technique.
Le problème est alors de savoir comment les agriculteurs peuvent
être incités à suivre ces recommandations. La réforme
de la PAC déstabilise les routines acquises et crée de meilleures
conditions pour une diminution de la pollution azotée : la baisse
des prix encourage une réduction des intrants, le gel des terres offre
des possibilités à valoriser... Mais cette réforme ne
constitue pas, en elle-même, une politique environnementale (cf. document
1). Et même, on peut se demander dans quelle mesure la diminution des
prix n'entre pas en contradiction avec la prise en charge, par les agriculteurs,
des surcoûts mentionnés ci-dessus.
Alors, ne faut-il pas envisager d'accompagner et d'inciter les agriculteurs
à mettre en oeuvre les recommandations agronomiques ? Une politique
de préservation de la ressource en eau, fondée sur des instruments
économiques (taxation de l'agriculteur pollueur, subvention à
l'agriculteur respectueux de l'environnement), s'avère indispensable
pour amorcer cette mutation technico-économique (cf. document 4).
Une première version de ce texte a bénéficié des remarques écrites des membres de l'équipe R&A et de différents agronomes que je remercie vivement : M. Baudrand (chambre d'Agriculture de l'Isère), B. Fabre et Y. Gautronneau (ISARA, Lyon), J.-M. Machet et B. Mary (INRA, Laon), P. Morlon (INRA, Dijon). Je reste seule responsable du contenu de ce texte.
Dans ce texte, l'auteur interroge les agronomes sur les solutions qui peu-vent être mises en oeuvre par les agriculteurs pour réduire la teneur des eaux en nitrates. Les problématiques agronomiques passées en revue ré-vèlent deux manières différentes d'aborder ce problème : la première qui fait l'objet de la majeure partie des recherches, consiste à raisonner à uni-vers technique constant et à faire des recommandations applicables im-médiatement dans le cadre d'une agriculture très productive (fertilisation raisonnée, fractionnement des apports, gestion de l'interculture) ; la seconde, encore très minoritaire, opte pour la remise en cause du modèle technique actuel à travers une démarche systémique et spatialisée, dans une perspective d'agriculture durable (changement d'itinéraire technique, de systèmes de culture, production intégrée...). Dans l'un et l'autre cas, les modifications à apporter, par les agriculteurs, à la conduite actuelle des cultures nécessitent un processus d'apprentissage technique et organisa-tionnel important.
(1) Les sols hydromorphes sont propices
à la dénitrification, mais les sols légers donnent lieu
à un intense transfert de nitrates. [VU]
(2) La notion d'agriculture durable, habituellement floue,
est présentée et définie dans le rapport de synthèse
(p. 6-7 [VU]
(3) Cette méthode ne doit pas être confondue
avec les différents bilans d'azote à la parcelle ou à
l'exploitation, comme par exemple la méthode BASCULE (Benoît,
1992). le rôle de ces bilans n'est pas de gérer la fertilisation,
mais d'apprécier les risques de pollution nitrique encourus et
d'évaluer l'impact des pratiques agricoles sur les fuites de nitrate.
[VU]
(4) La nitrification est la transformation de l'azote ammoniacal
qui est peu mobie en azote nitrique qui, lui, est lessivable
[VU]
(5) Selon J.M. Meynard (com. pers.), en blé, le recours
à cette méthode permettrait une économie de 40 unités
d'azote par hectare, mais exige une surveillance (passage toutes les 2 ou
3 semaines).[VU]
(6) Elle permet un gain de temps de 7 à 28 jours sur
les autres tests disponibles et elle est très pratique à
utiliser.[VU]
(7) Il serait d'autant plus important dans les sols d'agriculture
intensive où le turn-over des matières organiques est rapide.
[VU]
(8) Le COPREN (1991) différencie les cultures
intermédiaires pièges à nitrates des engrais verts qui,
eux, peuvent remplir plusieurs fonctions: en effet azote, protection du sol
(notamment contre l'érosion éolienne), fonction antagoniste
de parasites, amélioration de la portance des sols, amélioration
de la structure des sols...[VU]
(9) Il se donne pour objectif une réduction du rendement
de l'ordre de 15q/ha, associée à une réduction plus
que proportionnelle des charges (diminution des engrais, des régulateurs
de croissance, des fongicides et de la densité de peuplement) grâce
à l'association de variétés différentes,
complémentaires du point de vue de leur résistance aux maladies
foliaires. [VU]
(10) Dans la mesure où elle permet de limiter les
pullulations de ravageurs dans le sol.[VU]
(11) Dans les zones où le maïs occasionne des
problèmes non pas de qualité, mais d equantité d'eau
du fait du recours à l'irrigation, il propose de remplacer le maïs
fourrage par l'ensilage de céréales d'hiver immatures.
[VU]
(12) Dans cette optique, il faut noter que l'INRA travaille
actuellement à un modèle (GAO-maïs) qui permet d'évaluer
les potentialités de production et de réaliser des zonages
régionaux.[VU]
(13) Elle reste néanmoins limitée. Pour les
agriculteurs que nous avons enquêtés dans la plaine de Bièvre
(la Côte Saint-André, Isère), nous avons estimé
cette économie potentielle à 150 FrF/ha de maïs irrigué,
soit moins de 3% de la marge réalisée (document 5).
[VU]
(14) Nos propres évaluations de différents
scénarios alternatifs varient, selon les cas, de 300 à 600
Frf/ha.
[VU]
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