1. Les acquis obtenus en milieu rural : vers une gestion
intégrée
2. La démarche appliquée et testée en milieu
urbain
3. La gestion raisonnée des ressources à disposition
des oiseaux
4. La gestion des plaintes
Encadré
Références bibliographiques
[R] 1. Les acquis obtenus en milieu rural : vers une gestion intégrée
Différentes espèces d'oiseaux causent des déprédations
à nos productions agricoles, piscicoles ou mytilicoles (étourneaux,
pigeons, corvidés, goélands, cormorans...). Plusieurs
méthodes de lutte sont actuellement utilisées en interventions
individuelles (protections mécaniques, effarouchement acoustique ou
pyro-optique...) et en interventions collectives (effarouchement des
rassemblements d'oiseaux, limitations des effectifs...). Cependant les
résultats sont parfois décevants et la tendance à promouvoir
la réduction des effectifs d'oiseaux reste la plus forte même
si l'efficacité ou la disponibilité des outils est encore
réduite.
Dans un contexte général de volonté de mise en place
d'un développement durable, une lutte de type intégré
pouvait conduire à une gestion cohérente et opérationnelle
des problèmes liés aux oiseaux (Clergeau, 1990a ; Dolbeer,
1990). Cette démarche a pris une valeur alternative intéressante
face à l'emploi des pesticides aviens que nous jugions inopportuns
dans le cas du problème posé par les étourneaux (Clergeau,
1989). Des pulvérisations aériennes de ces pesticides ont
été en effet réalisées dans l'Ouest de la France
pendant plusieurs années, et cette méthode est encore
demandée dans certaines localités dès que la pression
exercée par les oiseaux devient significative.
L'évolution des mentalités semble donc lente par rapport aux
connaissances acquises depuis quelques années : en fait, il semble
que ce décalage soit dû à des difficultés de
communication et à une information inadaptée. Un cas récent
nous montre d'ailleurs en Normandie comment un manque d'information des
exploitants sur les méthodes de protection individuelle (aucune protection
efficace n'était installée dans les fermes) peut entraîner
une démarche de groupe (demande au préfet de limitation
d'étourneaux par voie chimique). Dans ce cas, il est alors très
difficile de faire un retour en arrière et d'expliquer aux exploitants
ce qu'ils auraient dû mettre en oeuvre.
Une lutte intégrée appliquée aux oiseaux implique trois
exigences principales (Clergeau, 1990a ; 1990b).
La première est de suivre les populations tout particulièrement
dans les zones à risques, c'est-à-dire dans les secteurs où
les problèmes ont déjà existé et où les
effectifs sont abondants. Ce travail permet de connaître le contexte
et de n'entreprendre une intervention qu'à bon escient. Pour gérer
de manière cohérente un problème local, il faut aussi
être capable d'anticiper sur les conséquences de l'intervention,
susceptible par exemple de déplacer les oiseaux et de causer des
déprédations dans d'autres secteurs.
La deuxième nécessité est une gestion raisonnée
des interventions sur les oiseaux. Le cas des dortoirs d'étourneaux
est significatif à cet égard. Ainsi, pendant des années,
une plainte déposée à l'encontre des étourneaux
ou la découverte d'un dortoir entraînait systématiquement
une intervention d'effarouchement. On sait maintenant qu'outre le fait de
déplacer le problème, souvent constaté par les riverains,
intervenir systématiquement modifie le comportement des oiseaux, et
ceci dans un sens souvent défavorable. Par exemple, on observe que
les étourneaux se regroupent en plus gros dortoirs, alors que de petits
dortoirs plus nombreux sont préférables pour limiter les impacts,
ou bien on constate qu'un dortoir se crée dans un secteur plus sensible
que celui que l'on voulait protéger. Une réelle gestion de
ces dortoirs impose en fait une réflexion à plus grande
échelle, qui conduit à ne pas intervenir pour éviter
de plus graves problèmes ailleurs, ou bien à intervenir de
manière à repousser les oiseaux dans des secteurs où
ils n'occasionneraient que peu de gêne.
Enfin la troisième exigence est la gestion des ressources utilisées
par les oiseaux. En général, il s'agit soit des supports
utilisés (comme les arbres dans le cas de dortoir...) soit de sources
alimentaires objets des préjudices (ensilages de maïs fourrage,
par exemple, pour les étourneaux). La gestion recouvre ici deux aspects
différents. D'une part, il s'agit d'empêcher que ces ressources
soient utilisées par les oiseaux et nous disposons actuellement pour
ce faire de plusieurs méthodes qui ont fait leurs preuves ; les
protections mécaniques sont les meilleures mais une protection
pyro-optique Erreur! Source du renvoi introuvable. donne aussi de bons
résultats dans la majorité des cas. D'autre part, la gestion
doit être préventive. Si on estime que l'impact potentiel des
oiseaux est important, alors certaines méthodes agriculturales ou
les itinéraires techniques peuvent être modifiés. Quelques
exemples existent comme le choix de planter des cerisiers basse-tige plus
faciles à protéger par des filets que les cerisiers traditionnels
(Belgique) ou bien celui de semer aux alentours d'un site traditionnel de
dortoir une culture non attractive pour les oiseaux (USA). Dans tous les
cas le choix de l'exploitant dépend de la balance entre la pression
attendue des oiseaux et les inconvénients ou les coûts de mise
en oeuvre de la lutte. Planter les semis de blé d'hiver plus tôt
ou plus profond permettrait sans doute de limiter les déprédations
des étourneaux en Europe (l'oiseau prélève la graine
qui a germé et déterre l'ensemble de la plantule) mais implique
à son tour des risques de mauvaise levée ou d'attaque par la
Mouche grise (Clergeau, 1989).
En Bretagne, certaines opérations relevant de cette démarche
ont été menées par le service de la Protection des
végétaux. Ainsi le suivi des populations est bien
réalisé sur l'ensemble des cinq départements bretons
et une réflexion précède aujourd'hui chaque intervention.
Certains dortoirs regroupant plusieurs dizaines de milliers d'étourneaux
n'ont, par exemple, pas été dérangés cet hiver.
Ce choix délibéré est très important car il permet
d'entrevoir la possibilité de laisser ou de repousser (voir ci-dessous)
des oiseaux dans des sites sélectionnés qui conviennent à
la fois aux oiseaux et aux hommes. Cette démarche que nous encourageons
pleinement semble être une solution d'avenir parmi les plus prometteuses
mais des vérifications quant aux dégâts et nuisances
encourus sont encore nécessaires.
Il reste maintenant à développer rapidement deux voies. La
première consiste à informer le plus grand nombre d'exploitants
possible de la nécessité des protections individuelles. Un
effort important a été mené par le Groupe national sur
l'étourneau, qui a réalisé récemment une plaquette
largement distribuée en France et a fait un grand travail d'information
dans la région Ouest. Mais ceci doit être complété
par une action auprès des dirigeants de coopérative, de chambre
d'Agriculture et de syndicat d'agriculteurs, qui manquent souvent
d'éléments pour convaincre leurs adhérents et remettre
à leur juste niveau l'ampleur de certaines déprédations.
La deuxième voie consiste à rechercher des méthodes
agronomiques ou techniques utilisables par le plus grand nombre dans les
zones à risques pour prévenir l'action des oiseaux. Plusieurs
méthodes sont actuellement disponibles mais c'est dans ce domaine
que le travail le plus important reste à faire. Connaître les
réponses des oiseaux aux différentes structures et organisations
du paysage est un objectif de recherche original que nous privilégions
à l'INRA (Clergeau, 1995).
[R] 2. La démarche appliquée et testée en milieu urbain
Une démarche de gestion intégrée des populations d'oiseaux
semble donc se concrétiser très progressivement, mais c'est
en milieu urbain qu'elle a été le plus rapidement construite
en intégralité puis testée. En effet, les plaintes provenant
des municipalités sont nombreuses (Esterlingot, 1993). Chaque ville
se trouve seule face à son problème et démunie
vis-à-vis de citadins parfois excédés par les oiseaux.
Les nuisances salissures, bruits, inquiétude épidémiologique
- sont ici d'un autre ordre qu'en milieu rural. Une recherche appuyée
financièrement par le ministère de l'Equipement, du Transport
et du Logement (Plan urbain) et le ministère de l'Environnement (SRETIE)
a permis de préciser les types de relations entre l'homme et les dortoirs
d'étourneaux en ville (à partir d'analyses écologiques,
sociologiques et médicales). Parallèlement, la Ville de Rennes
a contribué au développement de la réflexion appliquée
en finançant une étude sur les problèmes d'étourneaux
et de goélands dans la ville, oiseaux qui faisaient l'objet de nombreuses
plaintes. L'ensemble a permis de mettre sur pied une application de gestion
en concordance avec les principes énoncés plus haut.
Pour les deux espèces concernées, nous avons tenté
d'appliquer chacune des exigences et d'expliquer aux différents services
municipaux de Rennes les intérêts à moyen ou long termes
de certaines méthodes.
Suivi des populations
Nous suivions les effectifs d'étourneaux et les localisations de leurs
dortoirs depuis 12 ans ; la Société d'étude et de protection
de la nature en Bretagne, quant à elle, suivait la colonie de
goélands depuis sa création en 1988. Le nombre faible de couples
de goélands, une vingtaine, pouvait remettre en question
l'intérêt d'une étude plus poussée mais les tendances
connues de développement des colonies dans d'autres villes imposaient
une attention particulière. Après la remise des résultats,
la municipalité a souhaité poursuivre sa vigilance quant aux
deux espèces et a demandé à participer et à
être directement informée des résultats obtenus
ultérieurement.
Gestion raisonnée des interventions
Après une réflexion approfondie portant sur les deux espèces,
nous avons modifié les modalités d'intervention des services
municipaux de Rennes. Les dortoirs d'étourneaux étaient auparavant
régulièrement effarouchés avec la méthode INRA
(une intervention d'effarouchement acoustique réalisée sur
trois soirées). Chaque plainte entraînait le déplacement
d'un agent et une intervention. De 5 à 8 interventions d'effarouchement
étaient réalisées chaque hiver, les étourneaux
changeant de site au sein de la ville et entraînant
régulièrement d'autres plaintes. De plus, sur certains sites,
les oiseaux semblaient s'accoutumer aux cris diffusés par haut-parleur.
Nous avons d'une part renforcé les moyens d'effarouchement avec des
pistolets d'alarme (tir de fusées crépitantes déjà
utilisé en milieu agricole), et, d'autre part, tenté de repousser
simultanément les étourneaux en bordure de la ville vers des
sites qui avaient été utilisés puis abandonnés
et pouvaient accueillir des oiseaux sans préjudice pour l'homme (cas
notamment d'une friche sur les marges de la ville). L'action raisonnée
a consisté ici à protéger par effarouchement d'anciens
sites pouvant être réutilisés par les oiseaux et
d'effaroucher en même temps les trois dortoirs urbains occupés.
Cette opération a nécessité un personnel important (10
agents) mais une seule intervention a suffi à repousser les oiseaux
vers les sites voulus. En fait, une deuxième intervention similaire
a dû être organisée, car un parc que nous n'avions pas
protégé avait été occupé par une partie
des oiseaux. Ajoutons que certains petits dortoirs connus mais ne posant
pas de problème et d'une capacité d'accueil jugé
limitée n'ont pas été perturbés.
Les oiseaux n'ayant pas posé de problème pendant les trois
derniers mois de l'hiver, le résultat a été jugé
très intéressant. Toutefois, la méthode n'a pas pu
être validée l'hiver suivant, les étourneaux ne s'étant
pas manifestés à Rennes. Cette démarche illustre
parfaitement l'objectif souligné précédemment de maintenir
ou de repousser les oiseaux sur des sites acceptables pour tous. Le cas de
Perpignan permet d'aller encore plus loin dans cette voie. Cette ville abrite
en effet un très important dortoir d'étourneaux qui se
déplace régulièrement au sein de la cité (profitant
des tilleuls plantés le long de nombreux boulevards et rues). Un examen
attentif du problème montre que cette ville, située sur une
voie de migration, est un site refuge pour les oiseaux, d'une part, parce
que toute tentative d'établissement d'un dortoir en zone rurale subit
à cette époque de migration une pression forte de la part des
chasseurs et, d'autre part, parce qu'il ne semble pas exister de site d'accueil
dans la proche région (grande roselière ou bois étendu).
Une discussion avec différents responsables municipaux a
débouché sur une conclusion tout à fait originale, retenue
par les édiles de Perpignan : construire un site de dortoir pour les
oiseaux à proximité de la ville. Ce projet unique nécessite
bien sûr une série de travaux prospectifs et nul ne pourra en
garantir absolument l'efficacité...
Ci-contre, le Goéland argenté
En ce qui concerne les goélands, notre première réflexion avait été de tenter des effarouchements, non pas quand les oiseaux sont installés comme cela se fait généralement dans d'autres villes (nids en construction ou oiseaux en couvaison), mais beaucoup plus tôt au moment où les oiseaux testent les lieux où ils nicheront. Les goélands sont présents sur les futurs sites de nid dès décembre et nous avons essayé de les perturber à ce moment-là. Nous n'avons obtenu que des résultats très médiocres : nous avons déplacé des oiseaux vers d'autres quartiers où ils sont allés se reproduire. Nous n'avions pas retenu a priori la méthode mise au point à Brest et reprise actuellement par un grand nombre de villes littorales qui accueillent plusieurs centaines de nids de goélands et qui consiste à pulvériser un produit formolé sur les oeufs et donc à maintenir des adultes sur des couvées mortes. Elle entraîne à la fois une réduction du nombre de jeunes produits par la colonie et une baisse très significative des cris émis par les oiseaux lors du nourrissage. Cette méthode, qui reste lourde et coûteuse, ne peut être envisagée que pour des opérations d'envergure et ne supprime pas l'effet attractif qu'a une colonie en place pour des arrivants cherchant un site et des congénères pour se reproduire. Pour ce qui est des goélands de Rennes, nous avons proposé soit une éradication totale des 20 couples nidificateurs (empoisonnement au nid déjà réalisé dans plusieurs villes) pour supprimer tout développement de la colonie dans cette ville non littorale, soit des interventions ponctuelles limitées aux quelques nids gênant réellement leurs riverains (destruction du nid et mise en place de défends mécaniques). Dans le premier cas, on habitue les gens à résoudre les problèmes par une méthode radicale qui peut conforter certains dans leurs convictions traditionnelles de pouvoir absolu sur la nature et Erreur! Source du renvoi introuvable. des citadins qui ont de plus en plus de poids dans les décisions générales de protection de l'environnement (Savard, 1994). Dans le deuxième cas, on n'empêche pas que des couples s'installent ailleurs (extension spatiale) et on ne limite pas l'effectif global. Le choix est éminemment politique et une destruction des oiseaux nécessite une campagne d'information exceptionnelle (Beaudeau, 1987).
[R] 3. La gestion raisonnée des ressources à disposition des oiseaux
La gestion des ressources des oiseaux est indispensable pour renforcer les
actions entreprises sur les populations et nécessaire pour limiter
tout retour à un état antérieur. Dans le cas des
étourneaux, tailler les végétaux servant de support
aux oiseaux est un réflexe courant des services municipaux. Mais cette
opération ne touche pratiquement pas les espaces privés. Les
citadins, en effet, ne sont pas prêts à tailler leurs haies
trop importantes ou à élaguer quelques conifères. De
même a-t-on l'expérience d'un organisme public qui a refusé
de nettoyer son jardin qui servait de dortoir à quelques milliers
d'étourneaux depuis de longues années jusqu'à ce qu'on
le menace de suspendre les interventions municipales d'effarouchement qu'il
demandait. Il semblait pourtant évident que le roncier et les vieux
lauriers-palmes offraient un refuge de choix pour les oiseaux. Le nettoyage,
accompagné d'un effarouchement acoustique classique, a
entraîné l'abandon durable de ce site, rendu moins attractif.
Dans le même ordre d'idées, on pourrait proposer des
végétaux à privilégier (car non utilisés
par les étourneaux) ou certaines organisations végétales
(par exemple pas de grandes haies monospécifiques de sempervirents)
dans les secteurs les plus sensibles... Par ailleurs, nous avons
suggéré que les interventions contre les oiseaux soient payantes
au même titre que celles effectuées contre les insectes ou les
rats. Le but est à la fois de limiter les plaintes peu justifiées
et d'impliquer le citadin dans la gestion du problème (tailler la
haie ou bien payer une intervention ?).
La nourriture constitue une autre ressource à maîtriser. Dans
le cas des goélands, nous avons immédiatement examiné
les décharges d'ordures ménagères dans le district de
la ville. Il n'existe plus aujourd'hui de décharges à ciel
ouvert et la municipalité rennaise a imposé des bacs pour le
ramassage des ordures depuis deux ans. Il faut ajouter qu'un nettoyage intervient
très rapidement après la fin des marchés (les goélands
attendent le départ des vendeurs pour s'y nourrir de restes de poissons
et autres déchets). Les conditions sont donc bonnes pour limiter le
nourrissage des oiseaux. La chute du nombre de reproducteurs en 1993 est
sans doute due, outre au printemps très sec, défavorable à
l'élevage des nichées, à ces limitations de
ressources.
Mais, d'un autre côté, on donne à manger aux
goélands... Le nourrissage nous apparaît comme le problème
numéro un des relations homme-animal dans la ville. C'est sans aucun
doute l'élément fixateur d'individus qui favorisera
ultérieurement le développement de populations animales tributaires
de ces distributions alimentaires. Le surnombre de chats ou de pigeons en
ville est dû en grande partie à l'activité de leurs
nourriciers volontaires ou involontaires (Weber et al., 1994). Pour le
goéland, le phénomène est aussi très clair :
le nourrissage est une des raisons de leur installation dans les villes.
Tout le monde sait que ces oiseaux exploitent les décharges d'ordures
alors qu'on considère souvent que le nourrissage effectué par
les citadins est anecdotique. En fait, c'est une pratique très
fréquente à la fois des particuliers (pain ou déchets
sur le balcon...) et des restaurateurs (dans les arrières-cours,
distribution directe des déchets, poubelles non fermées...).
Une étude de cas mené dans quelques villes françaises
et à Québec (Canada) confirme en tout point les relations qui
s'établissent entre le goéland et ses nourriciers. La
démarche adoptée par les autorités québécoises
rejoint les préoccupations d'information décrites plus haut
: le ministère canadien de l'Environnement a réalisé
et diffusé plusieurs plaquettes pour expliquer les méfaits
des nourrissages. C'est ce qu'il faudrait faire aussi en France, en s'adressant
en premier lieu à toutes les municipalités mais aussi aux
associations, qui doivent nuancer certaines présentations. Ainsi une
grande association de protection de la nature présentait récemment
une photo de nourrissage de mésange sans commentaire plus précis
que Erreur! Source du renvoi introuvable.. Le message laisse entendre que
le geste est encouragé pour toutes les espèces ; expliquer
pourquoi on ne pourrait nourrir que certaines espèces n'est guère
évident. Ce type de promotion nous semble en opposition avec tous
les efforts menés pour dissuader les gens de nourrir les oiseaux qui
provoquent des nuisances ou des dégâts.
[R] 4. La gestion des plaintes
Dans le cadre urbain, la démarche intégrée englobe deux
autres actions. La première consiste à ramener les nuisances
occasionnées par les oiseaux à leur juste niveau. Il convient
généralement de dédramatiser le problème avant
de pouvoir l'examiner de façon pragmatique. Timm (1991) souligne que
les difficultés de la maîtrise des populations de
vertébrés seraient largement dues à l'absence de prise
en compte de l'élément humain, alors que nous disposons de
plus en plus d'informations sur la biologie et l'écologie des
espèces animales. Un travail récent réalisé à
Rennes sur deux dortoirs identiques (Lerat et Chaperon, 1994) montre d'ailleurs
qu'il y a eu dépôt de plainte dans un cas et pas dans l'autre,
du fait de contextes sociaux des riverains différents ; la cohésion
sociale (association, syndic...) apparaît nécessaire à
l'acte de plainte. L'information proposée précédemment
contribuerait à limiter le rôle de ce facteur sociologique.
L'autre action concerne le nettoyage des sites par les services de voirie
municipaux. L'effort est parfois important (cas de dortoirs d'étourneaux
étendus comme à Perpignan) mais il supprime une forte part
de la nuisance et réduit le dépôt de plaintes. Ainsi
un nettoyage juste après le départ des oiseaux le matin permet
de rendre tout à fait acceptables aux usagers des squares et des jardins
publics fortement occupés la nuit par les oiseaux.
En conclusion, il est bon de rappeler qu'il n'existe pas de solution miracle
dans ces problèmes de cohabitation hommes-oiseaux. Proposer une gestion
intégrée permet de limiter, voire de supprimer, les nuisances
mais il apparaît nettement que l'effort ne peut être demandé
seulement à quelques organismes et pouvoirs locaux. C'est donc un
objectif d'éducation générale qu'il convient de viser.
Comme nous l'avons souligné à plusieurs reprises, la démarche
la plus opérationnelle nous impose aujourd'hui de nous tourner vers
l'information et la communication au public.
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