Les Brèves du Courrier
Connaître du bout des doigts (le melon mûr) ; Petit gaz (bovin, à effet de serre, australien) ; PQ (éléphantesque et stercoraire) ; La balle des petits rats (Micromys minutus, gagnant de Wimbledon) ; Le pot (de yaourt aux légumes) ; Clôture de la chasse (aux OVNI) ; Cynoloque (la voix de son chien - en japonais) ; L'horreur alimentaire (vue par Mozart et Beethoven) ; Déshomologation (des Triazines, en France) ; Mycose (Geotrichum s'attaque au patrimoine) ; Expertise (Columba palumbus, Van Gogh et Chagall) ; Gaz à effet dessert (dioxyde de carbone-fraise) ; Coup de foudre (la phéromone sédative du mâle d'Agelenopsis aperta) ; Pour une cohabitation sans larmes (greffier bidouillé) ; Silence radio (tortue à la braise) ; Surveillance génétique (Gossypium, Heliothis, Bacillus thuringiensis, hautes doses et refuges) ; Cherche zooscope (ou espion fermier) ; Précaution (la fièvre aphteuse effraye) ; Une épreuve de trop (pour les bûcheurs, au bac) ; À contre courant (entomologie, aérodynamique et prospective) ; La boue à zéro (suppression progressive des épandages en Suisse) ; Cochoncetés (Pig story, suite zootechnique de Loft story) ; Sur la paille (l'INRA les y a mis, les cochons) ; Puits de science (les racines du mal) ; Désurmulotisation (Rattus norvegicus éliminé de l'île Campbell) ; Le coup du parapluie (ne marche pas vis-à-vis de Polioptila californica californica) ; Les termites : ça reste à creuser (les termitologues sont dans le noir) ; Le Monarque (fin ?) (pollen de maïs transgénique et Danaus plexippus) ; Univers 1986 (15 ans d'ESB, 15 ans de Courrier).
AUSTRALIE
Petit gaz
On se prépare à vacciner 2 millions d'ovins et 1 million de
bovins contre les bactéries méthanogènes (opération
échelonnée de 2004 à 2012) qui font de ces animaux des
producteurs de gaz à effet de serre à partir de 14% de
l'énergie contenue dans leur ration. D'après les chercheurs
du CSIRO, moutons et vaches privés de leurs compagnes bactériennes
ancestrales, hôtes de leur panse, se portent bien et même grossissent
plus vite.
D'après, notamment, le communiqué du CSIRO daté du 6
juin 2001, lu à www.csiro.au
THAÏLANDE
PQ
Les 40 éléphants d'une station de recherche au nord de
Bangkok défèquent jusqu'à 2 tonnes de bouses par jour.
À partir de cette matière première, les chercheurs ont
mis au point un papier (blanc et inodore) qui sert à envelopper les
cadeaux. Ils songent même à une autre voie de valorisation de
toute cette cellulose (fibres et graines) : sa fermentation peut fournir
du gaz (pour la cuisine) ou de l'électricité.
D'après " Forscher gewinnen Papier aus Eklefantendreck " lu
sur Spiegel online du 5 juin 2001
(www.spiegel.de/wissenschaft)
NDLR : et les touristes d'emporter joyeusement la provende de toute une
faune d'insectes coprophages (scarabées, termites, mouches, etc.)
et de mangeurs de coprophages
ROYAUME-UNI
La balle des petits rats
Le Rat des moissons (Micromys minutus) est un tout petit rongeur,
de la taille d'un escargot, plutôt nocturne, qui grimpe le long des
tiges des céréales, atteint l'épi mur, se maintient
là-haut grâce à sa queue préhensile, et boulotte
les grains
Un ravage compensé par son appétit égal
pour les insectes ennemis des céréales. Il tisse son nid en
hauteur, comme le loir, et, comme personne, la femelle avale tous les
excréments pour éviter que leur odeur ne signale la nichée
aux prédateurs.
Les pratiques agricoles modernes en ont fait une espèce en voie de
disparition en Grande-Bretagne (en France, elle n'est pas menacée)
et, pour assurer le maintien de cet animalcule attachant, on a prévu
de leur installer des nids à l'épreuve de leurs ennemis à
poils et à plumes. Des nids faits à partir de balles de tennis
jouées à Wimbledon, offertes par le All England Lawn Tennis
Club au Wildlife Trust, percées d'un trou et accrochées à
des poteaux entre 75 et 150 cm au-dessus du sol.
D'après BBC News, " New balls, please for mice homes
" lu le 25 juin 2001 à news.bbc.co.uk et the Harvest Mouse
Projet (www.wildlifetrust.org.uk/cheshire/hmouse.htm).
NDLR : l'idée de récupérer les raquettes usagées,
d'en enfoncer le manche dans le sol et de les offrir aux araignées
nécessiteuses n'a aucune base zoologique connue.
FRANCE
Le pot
Le principe de base est connu : un yaourt brassé bi-couche au lait
entier. Le plus qui a fait gagner à ses 6 inventeurs (étudiants
de l'École nationale supérieure d'agronomie et industrie
alimentaire de Nancy) le trophée de l'innovation alimentaire (10 000
Æ) est légumier : il s'agit de carotte, de potiron, de
betterave-rouge ou de tomate. L'association - qui est plus qu'un mélange
et dont la formule reste secrète en vue d'une exploitation commerciale
- donne de savoureux " yaourts des quatre saisons ". Mais pourquoi ces
Daucus, Cucurbita, Beta et Solanum et pas l'artichaut, le
pois-chiche ou l'épinard, voire le salsifis ? Parce que ces légumes
s'associent bien avec le sucre. Et parce que c'est bon !
D'après une dépêche de l'AFP du 22 juillet 2001.
SYSTÈME SOLAIRE
Clôture de la chasse
Fondé par Denis Plunkett en 1953, le Bureau britannique des soucoupes
volantes a compté jusqu'à 1 500 membres, répartis sur
la Planète et recevant chaque semaine une trentaine de signalisations.
Il a fermé. Plus aucun OVNI n'étant signalé, plus aucun
chasseur d'extraterrestres ne se dérangeait pour les réunions
mensuelles.
Explication : les Martiens [encore eux !] en ont terminé avec
l'étude des Terriens, entamée à la suite des explosions
atomiques, faites du côté du Globe visible de Mars, il est important
de ne pas l'oublier.
D'après une dépêche AFP du 22 avril 2001.
NDLR : seuls, bien seuls, restent les entomologistes à
s'efforcer d'identifier des myriades de minuscules OVNI
JAPON
Cynoloque
Le fabricant de jouets japonais Takara Co. Ltd va lancer, en février
2002, le Bow-lingual, que vous offrirez à votre chien de
façon à décupler ses capacités d'expression et
de communication avec vous et votre entourage. En effet, l'engin, qui se
porte en collier (de chien) traduit le canin (grognements, couinements
)
en japonais. Il dispose d'un vocabulaire de 200 mots (du genre " content
", " pénible ", " joyeux ") pour exprimer 6 états émotifs
distincts. Capable de garder en mémoire la succession des humeurs
de la bestiole, il restitue au retour du maître le rapport
d'activités en une phrase comme, par exemple, " Il m'est arrivé
tout plein de bonnes choses aujourd'hui. Quelle belle journée ! "
(mettre l'appareil en mode Dog Dairy avant de sortir).
Au lieu de japper et de remuer la queue comme son instinct d'animal de meute
accueillant son chef le lui commande, cyberclebs devra rester coi le temps
que le synthétiseur ait proféré. Les psychiatres pour
chien s'attendent à un surplus de consultations.
D'après " Gadget puts words in dog's mouth " d'Emma Young,
Newscientist.com du 8 août 2001 (www.newscientist.com).
NDLR : bien réglé, voire bidouillé, le
Bow-lingual vous transformera les aboiements de votre roquet en sonnerie
de portable (plus moderne) et ses hurlements à la mort en sirène
de police (plus prémonitoire).
AUTRICHE
L'horreur alimentaire
Prion, elle se tapit au cur de l'os de la côte de buf ;
nématode, elle surgit aussi du muscle de la côtelette de porc.
À preuve ce qui est arrivé à un sujet de l'empereur,
à Vienne, le 5 décembre 1791 : moins de 2 mois après
s'être régalé de Schweinekoteletts, il est mort, les
extrémités enflées, de la maladie des grosses têtes,
affection due à Trichina spiralis, un parasite du porc dont
les larves enkystées colonisent les muscles.
Signalons à tous ceux qui souhaitent éviter d'imiter W.-A.
Mozart qu'il leur faut cuire le porc soigneusement, jusqu'à la disparition
complète de la couleur rose (ou le congeler durant 3
semaines).
D'après, entre autres, le Spiegel du 11 juin 2001, lu à
www.spiegel.de
NDLR 1 : on peut attraper T. spiralis nativa, qui résiste
à la congélation, en mangeant de la viande d'ours.
NDLR 2 : la mort de Beethoven est à classer parmi les impacts des
métaux lourds, le plomb en l'occurrence.
FRANCE
Déshomologation
Les Triazines sont une famille de désherbants, bon marché,
appliqués lors du semis des céréales et du maïs,
comportant l'atrazine, la simazine, le terbuthylazine. On les retrouve
fréquemment dans l'eau à des doses proches des normes et des
mauvaises herbes leur sont devenues résistantes. En conséquence
de quoi ces pesticides seront interdits de commercialisation le 30 septembre
2002 et d'emploi le 30 juin 2003.
Une décision de bon sens, certes, mais les agriculteurs devront avoir
recours à des matières actives plus chères et moins
commodes d'emploi, peut-être aussi polluantes, tandis que l'on sera
privé du bon " thermomètre " des pollutions agricoles que les
triazines, faciles à doser, constituaient.
D'après le communiqué de presse du ministère de
l'Agriculture et de la Pêche du 26 septembre 2001.
Contact : pierre.guy2@wanadoo.fr
ESPAGNE
Mycose
Une maladie fongique, dont l'agent est un Geotrichum, frappe les
cédés audio et les cédéroms, les rendant
inutilisables, plastique et aluminium étant attaqués par le
champignon. Elle a été détectée en Amérique
centrale et étudiée en Espagne où les mycologues assurent
qu'elle ne peut frapper que sous climat chaud et humide.
D'après " Fungus 'eats' CDS " lu sur BBC News le 22 juin 2001
(news.bbc.co.uk).
NDLR : voilà que vos collections de grandes uvres
musicales comme vos archives de grandes uvres éditoriales peuvent
être bouffées par les moisissures
Sans compter les
cédés que vous suspendez au-dessus de vos planches de petits
pois pour effaroucher les oiseaux. D'un autre côté, il est rassurant
de vérifier que beaucoup des produits " durables " que l'on fabrique
seront rongés, digérés, métabolisés,
recyclés avant que le métamorphisme ne règle leur
sort.
JAPON
Expertise
Professeur à l'université de Keio, Shigeru Watanabe cherche
à démontrer que le pigeon (Columba palumbus) a une vision
élaborée qui lui permet d'obtenir de nombreuses informations.
Pour ce faire, il a entraîné un mois durant trois individus
à faire la différence entre deux peintres en leur organisant
une expo (sur ordinateur) de 8 Van Gogh et de 8 Chagall ; les coups de bec
sur un Van Gogh étaient récompensés par du grain, le
picorage d'un Chagall n'étant pas rétribué. Puis, nos
oiseaux se sont vus " offrir " 4 tableaux inconnus. Ils en ont reconnu l'auteur
dans 85% des cas.
D'après " Les pigeons sont amateurs d'art ", lu sur Sciences et
avenir.com, le 4 mai 2001, à
quotidien.sciencesetavenir.com/
NDLR : comment font les marchands d'art pour reconnaître
les pigeons ?
ROYAUME-UNI
Gaz à effet dessert
Ce n'est pas encore dans le commerce, bien qu'annoncé par la grande
presse vers le 15 juin, mais on travaille à leur mise au point. En
boîte ou surgelés, on aura bientôt le plaisir de
déguster, à l'instar du champagne (et des sodas), des fruits
gazeux, dont les bulles de dioxyde de carbone (CO2) viendront chatouiller
nos papilles.
Tous les fruits faits de plus de 80% d'eau sont gazéifiables (ou "
gazeusables " ?) : pomme, fraise, melon (mais pas la banane, qui explose)
et le procédé s'appliquera vite au lait et aux yaourts (ainsi
que, pourquoi pas, à la purée).
D'après BBC News, du 18 juin 2001, lu à
news.bbc.co.uk
PLANÈTE
Coup de foudre
Le mâle d'Agelenopsis aperta, une araignée qui tisse
une toile en entonnoir, délaisse son piège pour partir à
la recherche d'une partenaire, se laisse attirer par les phéromones
qu'elle émet, s'approche, entreprend une parade compliquée,
s'arrange pour se trouver face à face avec la belle, s'approche et
la femelle tombe, raide. Dans un état de béate somnolence dont
monsieur peut profiter pendant un jour au moins.
Ce phénomène fait intervenir une phéromone " sédative
" que les mâles ont acquise au cours de l'évolution du fait
d'un avantage important qu'elle leur confère : ils ne sont pas
dévorés par la femelle endormie.
Résultats exposés en juillet 2001, au colloque de l'Animal
Behavior Society à Corvallis (Oregon, États-Unis) et lus le
27 juillet 2001 sur Nature Science Update
(ww.nature.com/nsu/)
ROYAUME-UNI
Pour une cohabitation sans larmes
La firme Transgenic Pets, en collaboration avec Jerry Yang de l'université
du Connecticut (États-Unis), s'apprête à produire, par
transgenèse, un chat génétiquement amélioré,
qui ne déclenche aucun phénomène allergique chez ses
maîtres (ou esclaves).
La bête sera au catalogue en 2003 et coûtera un peu plus de 1
000 Æ. Ce sera un vrai chat, avec tout ce qui fait un chat normal,
mais avec une protéine en moins dans la peau.
La Société royale (anglaise) contre la cruauté envers
les animaux s'offusque que l'on aborde sans précaution cette nouvelle
étape où " au lieu d'adapter l'environnement à l'animal,
on adapte l'animal à l'environnement ".
D'après BBC News : " Designer cat controversy ", lu
le 28 juin à news.bbc.co.uk
MEXIQUE
Silence radio
Depuis décembre 2000, une grande tortue verte du Pacifique, munie
d'un émetteur radio aux ondes relayées par satellite, était
suivie dans ses déplacements - depuis les lieux de ponte au large
du sud du Mexique vers les eaux nourricières de la Basse Californie
- par une équipe d'herpétologues basés à San
Diego, ainsi que par des centaines d'écoliers, via Internet.
En mars, tout à coup, plus de signal. Une panne ? Des braconniers,
un peu plus tard, dévoileront le destin de la tortue : un banquet
villageois - plus de 100 convives réjouis - autour de ce met de choix
(la chair de l'animal, pas la radio qu'on espère récupérer
- elle vaut 2 500 $) grillant sur un brabecue.
Les herpétologues estiment que 25 des 300 tortues qu'ils ont
équipées et pistées ont fini ainsi, en dépit
des lois mexicaines protégeant l'espèce.
D'après " Satellite-tracked turtle finds way to barbecue
" d'Eric Niller, Newscientist.com du 8 août 2001
(www.newscientist.com).
NLRL : il est fini le temps où les braconniers empochaient et
exhibaient comme trophée les émetteurs posés sur les
grands mammifères sauvages, se faisant radio-pister à leur
tour et cueillir par les gendarmes
ÉTATS-UNIS
Surveillance génétique
Les planteurs de coton états-uniens cultivent volontiers des
variétés OGM qui résistent (en principe) à la
Noctuelle verdoyante (Heliothis virescens, Lépidoptère
Noctuidé) en produisant une toxine insecticide de la bactérie
du sol Bacillus thuringiensis. Pour ralentir l'apparition de populations
du ravageur résistantes, ils plantent au moins 4% de la surface en
variété " classique ". C'est la stratégie " haute
dose/refuges " imaginée depuis longtemps et imposée par
l'Environmental Protection Agency. Ses experts estiment en effet que, vu
le taux de 1,5Æ de noctuelles possédant naturellement un
allèle du gène de la résistance, on aura, au bout de
10 ans, des pullulations incontrôlables si les noctuelles ne trouvent
rien d'autre que du coton OGM et que les homozygotes (seuls résistants)
sont ainsi petit à petit sélectionnés.
Il était bien difficile de vérifier le bien-fondé de
la politique de l'EPA, vu la grande rareté des individus résistants,
jusqu'à la mise au point, toute récente, d'un test basé
sur l'ADN qui permet de repérer facilement les hétérozygotes
et les homozygotes chez les noctuelles d'un lieu.
On va disposer ainsi du moyen de suivre l'évolution génétique
des populations de ravageur et de réagir à temps, en augmentant,
par exemple, la taille des refuges. Mais il faut se dépêcher
de mettre en pratique ce suivi. Tout retard augmente le risque d'aboutir
à la situation où il faudra intervenir massivement avec des
moyens chimiques (alors qu'H. virescens est déjà bien
résistante à la plupart des insecticides) et où les
pratiquants de l'agriculture biologique - qui se permettent l'utilisation
du Bt en traitements - seront absolument démunis
D'après " Identification of a gene associated with BT
résistance in Heliothis virescens ", par L.J. Gahan, F. Gould
et D.G. Heckel, paru dans Science le 3 août 2001 (lu sur le
site de l'université de Caroline du Nord à
www2.ncsu.edu)
ÉTATS-UNIS
Cherche zooscope
Vous avez une âme et des capacités d'espion ? Le milieu rural,
voire fermier et même stabulatoire, ne vous fait pas peur ? Vous êtes
bon observateur, sans être mateur ni chouffeur ? Sachez que Donald
Lay, du Livestock Behavior Research Unit (Indiana, États-Unis)
désespère de trouver un assistant pour ses missions d'observation
- à la jumelle infra-rouge, planqué dans un sous-marin (une
bétaillère banalisée, voire un semoir aménagé)
- des animaux d'élevage.
Il faut être scrupuleux, attentif, éthologue et un peu zootechnicien
sur les bords pour découvrir les secrets de la hiérarchie autour
de la mangeoire, repérer les poules stressées, ou prédire
quels porcelets et pourquoi se feront écraser par leur truie de
mère.
D'après " Spies Who Love Farm Animals " de Louise Knapp, lu
sur Wired News le 26 juillet 2001 à
www.wired.com/news/technology/
NDLR : le salaire est probablement celui d'un chercheur en comportement
animal, pas plus.
ROYAUME-UNI
Précaution
À la saison du blé mur, l'Angleterre voit traditionnellement
fleurir - si l'on ose dire - de nombreux cercles, étoiles, roues et
autres figures géométriques impeccablement tondues au beau
milieu des champs. Cette année, point de crop circles ou si
peu
Ces phénomènes agronomiques hors programmes de recherche
INRA ne se sont pas manifestés. C'est indubitablement dû à
l'épizootie de fièvre aphteuse. Laquelle avait provoqué
l'interdiction d'emprunter chemins et sentiers au travers de campagne. Les
auteurs des agroglyphes, que beaucoup savent être des extraterrestres,
se sont donc méfiés et ont eu peur d'attraper des aphtes quelque
part.
D'après " Disease bring poor crop of circles ", BBC
News du 17 août 2001 (news.bbc.co.uk/)
NDLR : On (re)lira, d'Etienne Landais : Land Art, temps et lieux
(Courrier n°24, en ligne) et la
Brève " Cinquantenaire " du Courrier n°31
(en ligne) où il était déjà
question d'agroglyphes et de bovins.
FRANCE
Une épreuve de trop
La tempête de fin 1999 a fortement affecté les plantations
forestières des Landes. À la mi-2001, elle revient sous forme
de sujet posé aux candidats du baccalauréat : " La tempête
de décembre : une chance pour un reboisement plus écologique
? ", avec deux documents à l'appui. Le premier montrait un membre
de l'Office national des forêts et une responsable du Fonds mondial
pour la nature qui exprimaient l'idée selon laquelle la façon
dont la forêt était cultivée avait aggravé les
dégâts de la tempête. Le second, sous forme de tableau
des importations de bois résineux entre 1995 et 1998, demandait :
" À l'aide de ces documents, montrez que les besoins économiques
de la France ont entraîné une gestion d'une forêt en partie
responsable des conséquences de la tempête de 1999 ".
Le syndicat des sylviculteurs du Sud-Ouest, furieux, a demandé au
rectorat de Bordeaux l'annulation du sujet et prévu de riposter par
- au moins - une conférence de presse.
D'après une dépêche AFP du 12 juillet 2001.
PAYS-BAS
À contre courant
La récupération de l'énergie éolienne au moyen
d'éoliennes donne lieu à un vaste débat (voir dans ce
numéro du Courrier).
Le rendement de ces engins est-il optimal ? Certes non et, par fort vent,
il chute encore de 25%. La cause de ce phénomène a été
mise en évidence par Gustave Corten et ses collaborateurs
(Energieonderzoek Centrum Nederland, Petten) : c'est un problème
d'encrassement des pales par les insectes qui, emportés par les vents
forts, viennent s'y fracasser comme sur un pare-brise. Et le remède
est le même : prendre une raclette et nettoyer.
D'après, notamment, Science et Avenir.com du 16 juillet 2001
(quotidien.scienceetavenir.com).
NDLR : d'aucuns y verront un problème de protection de
l'entomofaune - combien de victimes, combien de Diptères transformés
en mouchetures ? D'autres, " dynamiciens ", s'interrogeront : les éoliennes
sont-elles un bon dispositif d'échantillonnage des populations d'insectes
? Quant aux entomologistes prospectivistes, ils se demandent si le style
de vie " cochenille " [femelle !]
- carapaçonnée, fixée par ses stylets et plaquée
sous la feuille d'une solide plante (rampante) - n'est pas l'avenir de l'insecte
en ce monde avide d'énergie.
SUISSE
La boue à zéro
Comme ailleurs, les agriculteurs helvètes disposaient, avec les boues
de station d'épuration (bien contrôlées), d'un amendement
gratuit et les villes se débarrassaient ainsi de déchets
encombrants.
L'interdiction de l'usage agricole de ces boues est programmée pour
2003-2005. L'office fédéral de l'environnement, des forêts
et du paysage (voir Environnement, très souvent signalé
en Bibliographie), l'Office fédéral de l'agriculture
et d'autres services fédéraux prévoient un abandon en
douceur et la mise en place corrélative de systèmes
d'incinération.
De fait, la demande de boues baisse depuis des années, car tout produit
labélisé doit provenir de cultures ou d'élevages menés
sur des terres n'ayant pas reçu ce genre d'engrais. De nombreux composants
inquiétants (médicaments, pesticides, hormones, voire prions),
de mieux en mieux détectables, se retrouvent dans les boues que plus
personne ne voudra bientôt plus prendre le risque d'épandre
sur son champ.
D'après le communiqué de presse de l'OFEFP du 14 septembre
2001. À cliquer :
www.inra.fr/dpenv/lesboues.htm
GRANDE BRETAGNE
Cochoncetés
Un site " bio " nommé Pig Brother va lancer une version porcine de
Loft Story. Cinq cochons (quel âge, quel(s) sexe(s) surtout ?) bien
reconnaissables (races différentes) et portant le nom d'hommes politiques
anglais partageront leur caillebotis (ou leur litière si la production
a les moyens), une auge, une mare 24 h sur 24 sous l'il de trois
caméras.
L'internaute (ça se passera sur le Web) devra téléphoner
à 0,28 euros la minute pour faire éliminer tel ou tel. Ce
ouaibemateur pourra également parier. L'ensemble des recettes viendra
en aide aux éleveurs les plus durement touchés par
l'épizootie de fièvre aphteuse.
D'après Yahoo! Actualités du 10 août 2001,
signalé par Animal Services
(www.animal-services.com).
FRANCE
Sur la paille
Nos collègues de l'INRA de Rennes, soutenus par le Comité Bretagne
Eau pure, viennent de le démontrer : un porc élevé sur
une litière de paille pollue moins que son compère posté
sur un caillebotis. Paille et déjections font du fumier qui évolue
en compost, libérant l'azote dans l'air - et pas dans l'eau sous forme
de nitrates ; les émissions d'ammoniac et de peroxyde d'azote sont
divisées par deux.
Mais l'éleveur devra acheter la paille, manipuler le fumier, aérer
le bâtiment et lutter contre l'humidité
D'après Presse Info INRA de juin/juillet 2001, lu sur
www.inra.fr
NDLR : des collègues canadiens (université de Guelph,
Ontario) se sont attaqués à la pollution par le phosphate
rejeté par ces monogastriques dépourvus de phytase : ils viennent,
en effet, de mettre au point un porc transgénique mâtiné
de la bactérie Escherichia coli, qui ne rejette que le quart
du phosphore d'un cochon normal.
D'après Science et avenir.com lu le 1er août 2001
à quotidien.sciencesetavenir.com
PLANÈTE
Puits de science
L'Humanité fait face à un excès de gaz carbonique, qu'elle
ne veut plus déverser dans l'atmosphère. Elle est à
la recherche d'endroits de stockage que, dans les conférences
internationales sur le réchauffement planétaire, on nomme "
puits " car, chacun le sait, c'est dans les puits qu'on jette, pour les y
perdre à jamais, les déchets : bestiaux crevés, ustensiles
usés, pesticides périmés
Les forêts sont-elles des " puits " valables et capables de conserver
durablement du carbone ? Ça dépend. Les arbres jeunes, en principe,
puisent beaucoup de CO2 dans l'atmosphère et profitent des fortes
teneurs pour accélérer leur croissance (pas les sujets
âgés d'une forêt en concurrence pour l'eau, les nutriments
et la lumière). Dans certains cas, comme viennent de le montrer au
terme d'un long essai des chercheurs de l'Oak Ridge National Laboratory
(États-Unis), au lieu de produire feuilles et bois, les arbres font
des radicelles, vite exploitées par les micro-organismes et la microfaune
du sol et converties illico en gaz carbonique
D'après Academic Press Daily InScight du 10 août
2001, lu à www.academicpress.com
NDLR : Tout Courrier de l'environnement soigneusement conservé
à l'abri des déchiqueteuses et des termites, c'est presque
une demi-livre de carbone retiré de la machine infernale à
générer de l'effet de serre, en plus de son inestimable contenu,
qu'on chercherait en vain dans un diamant de même masse.
NOUVELLE-ZÉLANDE
Désurmulotisation
Les surmulots (Rattus norvegicus) de l'île Campbell, à
700 km au sud de la Nouvelle Zélande du Sud, vivent leurs derniers
jours. En effet, leur éradication est en cours, durant cet hiver
(austral), au moyen d'appâts empoisonnés (avec un anticoagulant).
Et ce, au motif que ces voraces rongeurs mettent en grand péril la
faune locale. L'opération est suivie de près par les rodentologues
qui surveillent la disparition des appâts (que les rats emportent dans
leur trou) et pistent, par radio, les individus qu'ils avaient munis d'un
émetteur - et qui ont tous in fine été retrouvés
morts.
En mai, l'affaire avait mal commencé : un camion transportant 18 t
de granulés empoisonnés et du colorant avait raté un
virage sur la route côtière au nord de Christchurch et plongé
au milieu d'un sanctuaire à baleines et à dauphins. Sans
dégâts pour ces derniers, semble-t-il.
L'espèce, apparue en France vers 1750, s'est retrouvée sur
les Sept Îles au large des Côtes-d'Armor, avec le même
comportement destructeur de la faune. D'où la décision - prise
après une bonne étude de l'INRA - de dératiser.
C'était en 1997.
D'après, notamment " New Zealand blitzes rat island ", lu sur
BBC News le 25 juillet 2001 (news.bbc.co.uk).
ÉTATS-UNIS
Le coup du parapluie
En écologie de la conservation, on a souvent trouvé judicieux
de désigner, pour un milieu en danger, une " espèce-parapluie
", dont la protection garantit celle de leur écosystème en
entier.
Ainsi en est-il du Gobemoucheron de Californie, Polioptila californica
californica (oiseau appelé localement Californica
gnatcatcher), habitant de fruiticées côtières dont
il ne reste que des lambeaux ; plus de 85% de ce milieu particulier, en effet,
a déjà été transformée en champs, plantations,
routes et autres installations.
Daniel Rubinoff (Society for Conservation Biology) a étudié,
dans 50 parcelles de fruiticée résiduelle, l'abondance de 3
Lépidoptères spécifiques de sarrasins sauvages poussant
dans ce milieu. Le Polioptile est présent quasi partout. Mais Apodemia
mormo (Lycénidé) n'est présent que dans 4 sites sur
5, Euphilotes bernardino (Lycénidé) dans 2 sur 3 et Hemileuca
electra (Saturnidé) dans 1 sur 5 seulement. Il s'avère que
la présence de ces lépidos est liée à la taille
de la parcelle, alors qu'il n'y a pas de lien entre ce paramètre et
l'abondance des nids de l'oiseau.
La stratégie du parapluie connaît là un gros échec.
La protection des milieux ne peut réussir si l'on ne prend pas en
compte ensemble les composantes de l'écosystème - y compris
les insectes !
On a lu, (on relira) de Jacques Lecomte, " Conservation de la nature
- des concepts à l'action " dans le Courrier de l'environnement
de l'INRA, n°43 (mai 2001), en
ligne.
MONDE SOUTERRAIN
Les termites : ça reste à creuser
Les Termites (Isoptères) creusent le bois et le carton, mettent en
danger les habitants des maisons, se choisissent une ou plusieurs reines,
digèrent le patrimoine, choient toute une faune endosymbiotique,
produisent du méthane, désespèrent les propriétaires,
nourrissent les singes et les poulets, se font consacrer des articles dans
Insectes, etc.
Ces insectes primitifs et sociaux, petits, blanchâtres et à
l'air de pas-grand-chose ont occupé des générations
d'entomologistes
dont certains viennent de percevoir qu'on y comprenait
rien.
Ceci grâce à des expériences de marquage (à la
peinture fluo ou au colorant bleu - voir Insectes n°122) suivi de recapture
et d'analyses de gènes exclusivement maternels. Les résultats
de Brian Forschler (États-Unis) sont atterrants.
Exemples. Sur un site, les termites capturés appartiennent à
des lignées maternelles différentes chaque mois, ailleurs,
les termites surs relâchées sont recapturées plus
tard parmi 5 ou 6 " colonies " distinctes. Des individus exploitant le même
site se révèlent issus de reines distinctes. Entre termites
capturés à quelques mètres de distance, la différence
est plus grande qu'avec des congénères canadiens. Des termites
de même origine maternelle ont été retrouvés 3
ans de suite au même endroit. Ailleurs, les termites capturés
sont d'une espèce différente chaque année, ou d'une
" colonie " différente chaque mois
Par ailleurs, il s'avère
à l'examen de leur tube digestif, que des individus mangent tous les
jours, d'autres jeûnent
Tous, en tous cas, sont capables de suivre les pistes chimiques (conduisant
à un site d'alimentation) de ses congénères comme celles
laissées par d'autres (espèces ou descendances de reine).
Bref, comment venir à bout de ces complexes cossons dangereux pour
nos installations ? En combinant les appâts empoisonnés, le
traitement des matériaux comestibles et la maîtrise de
l'hygrométrie et en améliorant sans cesse la lutte grâce
aux résultats escomptés des immenses recherches qui restent
à faire
D'après " Life Underground " par Judy Purdy, Research
Reporter, 30 (2), été 2001, lu à
www.ovpr.uga.edu/researchreporter/
AMÉRIQUE DU NORD
Le Monarque (fin ?)
Ce fut le premier sujet à être épinglé
(www.insectes.org, rubrique En épingle), à l'occasion
d'une étude retentissante (et conçue comme telle) sur les effets
adverses du pollen de maïs transgénique vis-à-vis des
chenilles de Danaus plexippus (Lépidoptère
Danaïdé). Les résultats, qui viennent d'être
publiés, de 6 études associant cette fois essais au laboratoire
et essais au champ montrent que le Monarque a fort peu à craindre
de l'usage du maïs Bt.
En effet, dans les zones de maïsiculture, la chenille a très
peu de chance (0,4%) d'entrer en contact avec la dose de pollen de maïs
Bt qui pourrait l'intoxiquer (laquelle s'élève à 1 000
grains/cm2). Certes, pour un des maïs Bt, la variété 176,
le danger est plus grand mais ce cultivar - qui n'a pas atteint 2% des surfaces
emblavées - est abandonné par Syngenta, son fabricant. Ce
maïs, vendu sous le nom de KnockOut, s'est en effet révélé
dangereux pour le Papillon du céleri, Papilio polyxenes
(Lép. Papilionidé).
Une explication a en outre été fournie aux premiers résultats
alarmants. Les chenilles auraient avalé, avec leur feuille
d'asclépiade, outre les grains de pollen, d'autres parties du pied
de maïs Bt, normalement plus toxiques.
Ces recherches nouvelles, financées par le ministère
américain de l'Agriculture et par des firmes du secteur,
révisées par un comité d'experts indépendants,
ont été publiées dans la version internautique des
Proceedings of the National Academy of Sciences. Elles indiquent que
l'usage des variétés de maïs Bt à faible teneur
en toxine du pollen (comme Mon 810 et Bt 11) ne met pas le Monarque - hôte
de mauvaises herbes voisines - en danger. Elles ne renseignent évidemment
en rien sur d'autres OGM.
D'après, entre autres, la capsule " Anti-OGM : retour à
la case départ ? " de l'Agence science presse
(www.sciencepresse.qc.ca/). Les PNAS, sur Internet, sont à
l'adresse www.pnas.org
UNIVERS
1986
Que retenir de cette année ? Une brève recherche internautique
nous fournit très vite une bonne réponse : "
L'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB ou BSE pour Bovine Spongiform
Encephalopathy en anglais) apparaît pour la première fois
au Royaume-Uni en novembre 1986, après l'identification par le laboratoire
vétérinaire central britannique, dans un élevage du
Surrey, d'une vache présentant des symptômes neurologiques atypiques
", une phrase que vous pourrez retrouver dans son contexte à
www.inra.fr/dpenv/vfol__2.htm.
Dans la presse en général et en papier, c'est l'avènement
du Courrier de l'environnement, sous forme d'un numéro zéro,
daté de septembre, tiré à 50 exemplaires, doté
de 13 pages (ronéotées) et d'un sommaire ainsi libellé
: ? Éléments pour le rapport au Parlement sur l'activité
de l'INRA, en matière d'environnement ; ? Bilan des déclarations
d'intention, en réponse à l'appel d'offre CEE/DG XII, programme
1986-1990 " Protection de l'environnement " ; ? Les brèves de la Cellule
; ? Les petites annonces : colloques, séminaires,
Quinze ans plus tard, c'est clair : ça n'a fait que croître,
se répandre, grossir, embellir (on parle du
Courrier).