Les Brèves du Courrier
Carte jeunes (remise d'un trophée à un club de lycéens écologistes), Danger : chutes d'aéronefs (une falaise au mont Saint-Odile), Reliefs (le recensement des déchets d'industries agro-alimentaires), Planches de salut (la valorisation de bois de récupération), Procès vers Bâle (des Bâlois amènent leurs ordures en France), Faire-part (une nouvelle unité INRA), Côte à côte (la gestion du littoral tunisien), Les bleus sont manipulés chez les vers (des vers transgéniques bleuissent en eau polluée), Terres en sommeil (du pavot cultivé sur jachère), Les poulets sont au courant (des kW à partir de leurs déjections), Plumes molles ! (les chercheurs ont du mal à écrire), Vive la luzerne et les luzerneux (Pierre Guy honoré), Arrêtez cette spirale ! (escargots polonais), Le problème des réfugiés (afflux de sangliers en Tunisie), Paysage sonore protégé (justice et poulailler), Vogel, les oiseaux ! (en Allemagne, les corbeaux attaquent les vaches), Faire-part (antenne de l'Agence européenne de l'environnement), Barrage planté (le fameux Barrage vert algérien), Mérité (R. Guilbot honoré), Jeunes hommes verts (le service militaire à l'INRA).
FRANCE
Danger : chutes d'aéronefs
Des carrières de Saint-Nabor, au pied du mont Sainte-Odile (Bas-Rhin),
on a extrait du porphyre jusqu'en 1991. La cessation de l'activité
extractive laisse un à-pic de 100 mètres. Deux architectes
locaux proposent, pour la mise en sécurité du site,
d'aménager des étangs au pied de la falaise. Ceux-ci amortiraient
les chutes de petits éboulis et empêcheraient les visiteurs
du futur parc botanique (30 ha de plantes en provenance de l'Hymalaya et
des Rocheuses) de s'approcher de la zone dangereuse.
D'après Presse-Environnement, du 6 avril
1995.
FRANCE
Reliefs
Le Languedoc-Roussillon est la première région française
qui entreprenne le recensement des sous-produits de son industrie
agro-alimentaire, dont la variété et les quantités sont
mal connues. Il s'agit, par exemple, des déchets de filetage de poissons,
des plumes, des pépins de tomate, des talons de biscotte, de fruits
abîmés...
L'étude, menée par le CRITT Trial et par l'Association pour
la recherche des industries agro-alimentaires (ARIA), est soutenue
financièrement par l'Agence pour l'environnement et la maîtrise
de l'énergie (ADEME).
D'après Presse Environnement , du 27 avril
1995.
FRANCE
Planches de salut
Après le recyclage des gravats, celui du bois issu des chantiers de
démolition. Pionnière en la matière, l'entreprise de
démolition Bollinger de Turckeim (Haut-Rhin) s'équipe d'un
concasseur (made in USA, 4 MF).
Sont ainsi convertis en granulés combustibles : ais, arbalétriers,
barrots, bastings, baux, blindes, boulins, chantignoles, chevêtres,
chevilles, chevrons, colombages, contre-fiches, coyaux, croisillons, doubleaux,
échafauds, entraits, étais, étançons, faîtages,
fermes (et fermettes), lambourdes, lambris, lames, lattes, liernes, linteaux,
liteaux, lunettes, madriers, moulures, palplanches, panneaux, pannes, piquets,
planches, poinçons, poitrails, poteaux, poutres (et poutrelles),
sablières, solives, tasseaux, tournisses, vaigres, ventrières
et voliges.
Une aide publique devrait aider l'entrepreneur à acquérir cette
installation et.. à créer les quelques emplois
correspondants.
D'après Presse Environnement, du 11 mai
1995.
SUISSE
Procès vers Bâle
Les habitants de Bâle (les Bâlois) se voient imposer une taxe
de 8 à 9 francs par sac poubelle. Certains préfèrent
en conséquence utiliser d'autres emballages pour leurs ordures
ménagères et aller de l'autre côté de la
frontière, en France, s'en débarrasser, à l'occasion,
par exemple, de courses dans un super-marché.
Certains de ces Bâlois sont pris par la main dans le sac ? pardon,
la main tenant le sac - par l'administration des Douanes et se voient infliger
une amende de 500 à 2 500 FrF pour importation de déchets
ménagers.
D'après Presse Environnement, du 6 avril
1995.
NDLR : nul doute qu'on oblige ceux qui trimbâlent leurs bâlayures
à les rembâler.
FRANCE
Faire-part
A compter du 1er octobre 1995 est créé, au Mans, une nouvelle
unité de recherche de l'INRA. Son titre et son domaine : Economie
de la qualité des produits alimentaires. Son directeur : Bertil
Sylvander, spécialiste des signes de qualité (et auteur du
Courrier - n°18, 1992, pp. 5-21). Logée sur le site de
l'université du Maine, cette UR bénéficiera du concours
financier du Fonds européen de développement régional
(FEDER). Sera mis en place en même temps un centre de ressources en
sciences sociales pour l'économie agro-alimentaire. L'ensemble, qui
emploiera une quinzaine de personnes, a été mis en place dans
le cadre d'une convention agro-alimentaire passée entre l'INRA et
5 partenaires : conseil général de la Sarthe ; université
du Maine, Groupement d'intérêt public Atlantech, ARIAPAL
et Communauté urbaine du Mans.
D'après Presse info INRA,
de juillet-août 1995.
TUNISIE
Côte à côte
Le domaine maritime tunisien (1 300 km de côtes) est désormais
géré par l'Agence pour la protection et l'aménagement
du littoral (APAL), un établissement public aux compétences
plus larges que celles du Conservatoire français du littoral, dont
il s'inspire et avec la collaboration duquel il se met en place.
l'APAL a également pour mission de en particulier sur la côte
est ; elle sera chargée non seulement de toutes les études
d'impact accompagnant les projets qui touchent le littoral mais aussi du
contrôle des travaux et des sanctions éventuelles.
D'après la Dépêche de l'environnement,
du 11 juillet 1995.
GRANDE-BRETAGNE
Les bleus sont manipulés chez les vers
Un ver aquatique, Caenorhabditis elegans, a la propriété
de se colorer en un bleu plus ou moins intense lorsque l'eau qui le baigne
est polluée par des molécules toxiques ou des métaux
lourds. Il suffirait de le disposer dans le champ d'un capteur photosensible
pour réaliser un appareil de détection de la pollution des
rivières, capable de donner automatiquement l'alerte.
C'est grâce à une manipulation génétique - la
greffe d'un gène issu d'une bactérie - faite par l'équipe
du professeur David de Pomerai (université de Nottingham) que le ver
bleuit, sous l'effet du stress provoqué par les modifications chimiques
de son milieu.
D'après AFP sciences, du 8 juin
1995
FRANCE
Terres en sommeil
Un bon demi-millier d'agriculteurs de Champagne-Ardenne, du Centre et du
Poitou-Charente s'adonnent à la culture du pavot (Papaver
somniferum). La culture se fait sur jachère et dégage une
marge brute qui peut atteindre 8 500 francs par hectare : les superficies
consacrées à la plante dont sont tirées la morphine
et la codéïne ont augmenté chacune de ces dernières
années, atteignant 4 500 ha en 1995. La filière est
gérée par une société unique (Francopia), agrée
par le ministère de la Santé.
D'après Agra Presse, du 12 juin 1995
FRANCE
Les poulets sont au courant
Que faire des 250 000 tonnes de fiente produites par les volailles bretonnes
et qui ne trouve pas preneur ? Le compost - qui serait un débouché
intéressant - se vend mal.
Aussi s'oriente-t-on vers leur utilisation comme carburant dans une centrale
électrique, comme cela se fait en Angleterre, dans le Suffolk. La
centrale envisagée par l'association de groupements avicoles
"Bretagne-Energie-Biomasse reviendrait à 350 MF et produirait un courant
un peu plus cher que celui d'EDF.
D'après Presse Environnement du 29 juin
1995.
FRANCE
Plumes molles !
De deux enquêtes réalisées l'une auprès
d'enseignants-chercheurs de Grenoble, l'autre auprès de chercheurs
de l'INRA (200 personnes en tout), il ressort que la plupart n'aiment pas
écrire ? encore moins en anglais - alors que l'écriture est
vécue comme un passage obligé dans le domaine de l'activité
scientifique.
Les difficultés sont nombreuses (depuis les incertitudes sur l'orthographe
jusqu'à la nécessité de clarifier sa pensée)
et le travail qui occupe entre 30 et 50% du temps du chercheur traîne
; on reprend des expressions qu'on vient de lire... une lecture que les
scientifiques pratiquent essentiellement pour trouver des informations (rarement
pour s'informer de façon générale...). Presque tous
les "enquêtés" estiment n'avoir été que trop peu
ou trop mal préparés à la rédaction en
français. Quant à l'anglais...
Enquête de Marie-Claude Roland, formatrice en rédaction
scientifique.
UNIVERS
Vive la luzerne et les luzerneux
Sur proposition de l'institut de recherche Fleschmann-Rudolf de Compolt,
le conseil de l'université des Sciences agricoles de
Gödölö a décerné le titre de à notre
ami Pierre Guy, de Lusignan (station INRA d'amélioration des plantes),
spécialiste mondial de la génétique et de
l'amélioration de la luzerne (Medicago spp.).
Pierre Guy a écrit maintes fois dans le Courrier, c'est lui
qui a créé et piloté le groupe jachère et il
anime en outre la revue Sauve qui peut ! Bref, ses mérites
sont en effet immenses.
Université des sciences agronomiques de Gödölö : Pater
K. u.l., 2103 Gödölö (Hongrie).
Pierre Guy : INRA-SAPF, 86600 Lusignan.
POLOGNE
Arrêtez cette spirale !
Depuis le 1er avril 1995, la chasse aux escargots est sévèrement
limitée en Pologne. Le ramassage de ces gastéropodes ne pourra
se faire que pendant le seul mois de mai et tout individu dont la coquille
aura un diamètre inférieur à 30 mm sera laissé
tranquille. Les escargots sont en effet menacés de disparition en
raison de leur exportation massive , entre 200 et 300 tonnes par an, vers
la France.
D'après le Monde, du 14 avril
1995
TUNISIE
Le problème des réfugiés
Les paysans tunisiens, et tout particulièrement ceux dont les parcelles
ont été gagnées tout récemment sur la forêt,
affrontent un ravageur redoutable, connu, mais aux effectifs et à
l'appêtit décuplés : le sanglier (Sus scrofa
barbarus). Champs retournés, récoltes anéanties
mais aussi accidents mortels lors des rencontres sur les routes avec les
voitures...
La Tunisie compte plus de 50 réserves ou parcs nationaux, où
l'animal prolifère. La sécheresse ? qui a duré 18 mois
- a fait sortir les sangliers des forêts tout en rendant plus graves
leurs déprédations. Enfin, la lutte de l'armée
algérienne contre les maquisards du groupe islamiste armé (GIA)
a conduit à l'incendie des forêts des Aurès par
celle-là pour en chasser ceux-ci. D'où une immigration forcée
des hyènes, chacals et sangliers en Tunisie où... la lutte
contre les islamistes armés a conduit à retirer aux gens leurs
fusils de chasse.
Et la chasse ? Le sanglier est un inconsommable par un bon musulman, les
taxes d'abattage sont inabordables et la vue des viandards venus d'Italie
est aussi désagréable que celle des sangliers arrogants.
D'après Taoufik Ben Brik et Denise Williams,
SYFIA n°78, juillet 1995
FRANCE
Paysage sonore protégé
"Attendu que la poule est un animal anodin et stupide au point que personne
n'est parvenu à la dresser [...], attendu que son voisinage comporte
beaucoup de silence, quelques tendres gloussements qui vont du joyeux (ponte
d'un oeuf) au serein (dégustation d'un ver de terre) en passant par
l'affolé (vue d'un renard), attendu que ce paisible voisinage n'a
jamais incommodé que ceux qui, pour d'autres motifs, nourrissent du
courroux à l'égard du propriétaire de ces gallinacés,
la cour ne jugera pas que le bateau importune le marin, la farine le boulanger,
le violon le chef d'orchestre, et la poule un habitant du lieu-dit La Rochette,
village de Sallèdes (402 âmes), dans le département du
Puy-de-Dôme. " C'est en ces termes inattendus que la cour d'appel de
Riom a infirmé un jugement du tribunal de grande instance de
Clermont-Ferrand qui avait ordonné la fermeture d'un poulailler trop
bruyant aux oreilles d'un habitant du village, lequel plaignant, insatisfait,
avait fait appel pour obtenir des dommages-intérêts (20 000
F).
D'après Libération, du 11 septembre
1995.
ALLEMAGNE
Vogel, les oiseaux !
Dans le pays de Havel (Land de Brandebourg) les kolkhozes de la République
démocratique allemande ont disparu, laissant la place à des
zones d'élevage extensif. Le bétail, autrefois bien
surveillé, est laissé à lui-même. C'est à
cette mutation que les spécialistes du ministère de l'Agriculture
local attribuent le changement de comportement des corbeaux, lesquels ont
attaqué, en 1994, une quarantaine de bêtes isolées.
Selon un éleveur, "les bêtes n'ont aucune chance. Les volatils
s'en prennent le plus souvent à des animaux sans défence, des
veaux ou des vaches qui viennent de vêler, leur crèvent les
yeux et les déchiquettent jusqu'à la colonne vertébrale
Le carnage a lieu de préférence par un matin gris ou un jour
de brume ". Les corbeaux sont espèce protégée et l'hiver
94/95 a été moins meurtrier.
D'après Les amis des animaux, n°55, mai-juin
1995.
NDLR : les éleveurs se sont entendus conseiller de , ou de faire
accompagner les troupeaux par des chiens. Plus simple, partiellement efficace
certes, mais tellement plus authentique : coiffer tout bovin ruminant en
plein air d'un casque à pointe.
EUROPE
Faire-part
L'agence européenne de l'environnement, organisme sis à Copenhague
et en fonctionnement depuis 1993, vient d'installer une antenne au Muséum
national d'histoire naturelle (MNHN) de Paris : le centre thématique
européen pour la conservation de la nature. Ce CTE/CN est formé
d'un consortium de 15 institutions spécialisées, issues de
11 pays européens, agissant en partenariat avec le MNHN. Sa mission
pour les trois ans à venir comporte les thèmes suivants : approche
générale sur la conservation de la nature en Europe, état
et tendance de la biodiversité en Europe, soutien à la mise
en oeuvre du Réseau Natura 2000.
Quatre autres centres thématiques sont désignés par
l'AEE : le Water Research Centre (Medmenham au Royaume-Uni) pour les eaux
douces, le Centro di Ricerca dell'Ambiente Marino (La Spezia en Italie),
le Rijksinstitut voor Volksgezondheit en Milieuhygiene (Bilthoven aux Pays-Bas)
et le Umweltbundesamt (Berlin en Allemagne).
Contact : Dominique Richard, MNHN, 57, rue Cuvier, 75231
Paris cedex 05. Tél. : 40 79 38 70 ; fax : 40 79 38
67.
ALGÉRIE
Barrage planté
Au début des années 70, l'Algérie, dans l'euphorie de
l'après-indépendance et de la manne du pétrole et du
gaz, s'est lancée dans l'implantation d'une "muraille verte" entre
la frontière marocaine et la frontière tunisienne pour faire
barrage à l'avancée du désert vers le nord.
Sur les 3 millions d'hectares qui devaient être boisés, 160
000 ha seulement l'ont été. Commencé par l'armée,
le chantier a été poursuivi par le ministère de
l'Agriculture et pourrait être confié aux grandes entreprises
publiques.
Ces espaces forestiers ont aujourd'hui très triste mine : les pins
d'Alep, qui y sont malencontreusement la seule essence, sont ravagés
par la chenille processionnaire du pin (Thaumetopoea pytiocampa)
malgré les opérations d'échenillage manuel et les
traitements. L'écosystème ancestral n'a pas été
reconstitué, le désert "avance", le menu bois ramassé
et l'ombre offerte aux troupeaux ne consolent pas les paysans de la perte
de terrains pastoraux.
D'après Mohamed Ansar, SYFIA n°75, avril
1995.
UNIVERS
Mérité
Robert Guilbot, secrétaire général de l'Office pour
l'information éco-entomologique (OPIE), s'est vu remettre les insignes
de chevalier de l'Ordre national du mérite et conséquemment
épingler, le 15 septembre 1995, la médaille réglementaire,
au nom du Président de la République, par Jacques Lecomte,
président, en son temps, de la Cellule Environnement de l'INRA.
Deux choses à retenir du joli discours de J. Lecomte : d'une part
son leitmotiv, les boeufs, ceux de La Minière (pour les soins desquels
avait été recruté à l'INRA le jeune Guilbot)
et ceux de Parthenay, ville natale du récipiendaire, (qui forcèrent
un jour J. Lecomte à se réfugier dans un café à
Parthenay) et, d'autre part, son tableau de l'évolution de l'OPIE,
sous l'impulsion aussi enthousiaste qu'énergique de R. Guilbot, depuis
une tendance systématique-entomo agricole vers ses actions actuelles
de protection des espèces et des milieux, fort bien vues et efficaces,
n'en déplaise à certains collectionneurs.
L'OPIE est installé (insectarium, librairies, salle
de conférences et de projections) à La Minière, non
loin de Versailles. Adresse postale : BP 9, 78285 Guyancourt cedex. Tél.
: 30 44 13 43 ; fax : 30 83 36 58.
FRANCE
Jeunes hommes verts
Le service national peut désormais être effectué dans
un laboratoire de l'INRA, au titre de l'Environnement, pour y effectuer des
tâches relevant de la protection du milieu naturel et de la
prévention des risques.
Les appelés doivent faire acte de candidature 4 mois au moins avant
la date souhaitée d'incorporation et se mettre en rapport avec un
service ou un laboratoire de l'INRA. Pendant les 10 mois de ce "service
civil"une indemnité (de 1 700 francs, devant couvrir les frais
d'hébergement, de nourriture et d'habillement) sera versée
par l'INRA, en sus de la solde des militaires appelés.
Renseignements : auprès des secrétaires
généraux des centres de l'INRA ou à la DPEnv. :147,
rue de l'Université, 75338 Paris cedex 07 ; tél. : 42 75 92
47 ; fax : 42 75 95 08.